Dites bonjour à Silly Robbie!
Robbie Doherty, de l’Île-du-Prince-Édouard, transmet un message positif en divertissant les enfants
Par Brian Chick
Comme tout le reste, le curling s’est arrêté brutalement au printemps à cause de la COVID-19. Les clubs ont fermé, les compétitions ont été annulées, et les joueurs comme les amateurs n’avaient plus rien à faire, ni rien à regarder.
Toutefois, cet arrêt s’est avéré être une bonne chose malgré tout pour Robbie Doherty, de Charlottetown, qui a participé à quatre reprises au Brier Tim Hortons, en plus d’être champion canadien de curling mixte. Ça lui a, en effet, donné le temps de se consacrer à un nouveau projet : une émission de télévision pour enfants intitulée Silly Robbie’s World.
Doherty, qui aurait normalement passé le printemps à participer à des compétitions sur le circuit Grand Slam of Curling, s’est plutôt tourné vers l’écriture de scénarios et de chansons pour sa nouvelle émission, maintenant diffusée sur EastlinkTV dans les Maritimes.
«Tout s’est mis en place. C’est une émission vraiment positive, avec un bon message, explique Doherty, qui est âgé de 32 ans. Nous tentons d’aborder les vrais problèmes auxquels les enfants font face, et de trouver le bon message à leur transmettre.»
Doherty et son collègue sur le circuit Grand Slam of Curling, Jesse Wachter, ont produit 13 épisodes composés d’histoires, de chansons, de bricolages, et surtout d’un message positif et inspirant.
«Nous avons tous des talents différents, ce qui fait que nous sommes uniques pour une raison, reprend Doherty. Certaines personnes sont grandes, d’autres petites. Peu importe, tu devrais bien te sentir. J’ai appris ça de M. Rogers quand j’étais jeune. Je viens juste de lire sa biographie, dont le message m’a vraiment touché; c’est ce que nous essayons de faire.»
Artiste de longue date, Doherty a travaillé pendant plusieurs années au parc thématique Avonlea Village dans l’univers d’Anne aux pignons verts. Il s’est ensuite produit sur scène comme chanteur, guitariste et accordéoniste dans sa carrière musicale. Après quelques années dans les pubs et les bars, il savait qu’il était temps de changer.
«J’étais tanné de ce milieu-là. Je ne voulais jouer les mêmes chansons encore et encore dans un bar, raconte-t-il. Je me couche tôt. Les soirs jusqu’à 2 heures du matin dans les matins, ça ne me convenait plus. J’ai donc approché mon ami musicien Rob (Reid), en lui disant que je voulais faire un album pour les enfants, et que je voulais qu’il le produise.»
Reid a aidé Doherty à enregistrer plusieurs chansons qui sont sorties en octobre 2019. Il a commencé à se produire dans les spectacles et les festivals pour les enfants. Wachter l’a ensuite aidé à tourner des vidéoclips musicaux, et une courte websérie.
«J’avais quelques engagements pour l’été, mais ils ont tous été annulés à cause de la COVID-19, ajoute Doherty. J’ai donc dit à Jesse qu’on ne pouvait pas rester à rien faire pendant tout l’été. On devrait travailler là-dessus.»
«Nous savions que la musique était bonne en elle-même, ajoute Wachter. Mais sans autre chose, sans une représentation visuelle ou un spectacle, ça n’irait pas loin.»
Même si le nom de Wachter ne dit rien à l’amateur de curling moyen, la plupart ont déjà vu son travail. En tant que responsable de la vidéo pour les compétitions du Grand Slam, il était en charge du tournage de la présentation des équipes, des entrevues spéciales sur Sportsnet de Rogers, et de la série Far From Home sur Curlingzone.com. L’an dernier, il a réalisé un documentaire sur Équipe John Shuster et sa conquête de la médaille d’or pour les États-Unis aux Jeux olympiques d’hiver 2018.
«Je connaissais Jesse à l’époque où je jouais davantage au curling compétitif, raconte Doherty. Puis nous avons commencé à travailler ensemble. Il m’a raconté que certaines choses dans sa vie étaient en train de changer, alors je lui ai suggéré de déménager à Charlottetown et de s’impliquer dans cette émission pour enfants. Je suis content de l’avoir fait, parce que c’est une des personnes les plus talentueuses que j’ai rencontrée.»
«À cette époque, j’étais plutôt nomade, ajoute Wachter. J’avais quitté les îles Turques-et-Caïques, où j’habitais, après un tremblement de terre, et je visitais le pays en moto. Robbie m’a suggéré l’Île-du-Prince-Édouard, et donc j’ai roulé jusque-là entre les compétitions du Grand Slam. On travaille ensemble depuis.»
Doherty et Wachter, en compagnie d’une petite équipe composée de parents et amis, dont la femme de Doherty, Jill, et Reid, ont tourné la série dans l’appartement de Wachter, avec marionnettes (Lucky et Eddie) et costumes. La copine de Wachter, Jessica Gould, a travaillé comme artiste numérique, pour concevoir les décors et l’animation.
«Nous n’avons reçu ni subvention, ni argent du gouvernement, et donc tout a été fait bénévolement, souligne Doherty. Ça a été un défi de tous les gérer, dont ma femme, qui est une pharmacienne sans la moindre expérience dans les arts et la performance. J’ai juste dit : “Surprise! Nous devons faire ça”.»
Doherty et Wachter ont complété le tournage le 28 octobre, après trois mois de travail. Chaque épisode comprend deux histoires, de sorte que les deux ont dû imaginer 26 idées à écrire et à produire.
«Robbie est un peu plus jeune que moi, de sorte que nous avons grandi en regardant des générations différentes d’émissions pour enfants, raconte Wachter. Nous avons combiné les thèmes que nous avons appréciés de mes émissions, et des siennes, pour commencer.»
«Jesse est incroyable. Je l’appelais pour lui suggérer des idées farfelues, genre : “Hey, on va sur la lune? ”, et il répondait toujours : “On peut tout faire”. Et on le réalisait.»
Dans la première saison, Lucky choisit des lunettes et Eddie est indécis au sujet de son déguisement d’Halloween. Les deux amis disent déjà recevoir des commentaires positifs de la part des parents dont les enfants sont confrontés à ces mêmes problèmes.
«Dans les médias de sport, nous avons l’habitude d’être à la merci de ce qui se passe sur la glace, ou sur le terrain, note Wachter. Dans ce projet, nous avions un groupe de personnes tellement impliquées dans le projet depuis le début que nous pouvons contrôler le message. Dans chaque épisode, nous voulions enseigner de bonnes valeurs et des leçons importantes aux jeunes.»
«La COVID nous a donné des citrons, alors nous avons tenté de faire de la limonade, ajoute Doherty. Qu’on fasse 10 cents ou 10 milliards, ça n’a pas d’importance. Nous voulions juste réaliser quelque chose dont nous pourrions être fiers, et qui aurait une influence positive auprès des jeunes.»