Aventure des Olympiques de la jeunesse : Percer l’alignement de l’équipe canadienne
Jaedon Neuert est un curleur de Winnipeg âgé de 17 ans qui représentera le Canada aux Jeux olympiques de la jeunesse de 2020 à Lausanne, en Suisse, en janvier prochain. Ceci est la première d’une série d’histoires par le biais desquelles Jaedon partagera son expérience des Jeux olympiques de la jeunesse, de sa sélection au sein de l’équipe à sa toute première participation à une compétition sous les couleurs du Canada.
Aussi loin que je me souvienne, ma deuxième maison a toujours été un club de curling. Mes parents jouaient dans des ligues récréatives à Winnipeg, à des clubs comme le West Kildonan (maintenant fermé), le Heather et également le St. Vital (domicile de Jennifer Jones). J’y étais les vendredis et samedis soirs presque tous les week-ends, assis à l’étage inférieur en mangeant un hot-dog avec du ketchup et des frites en attendant que mes parents quittent la glace.
Ce ne fut donc pas une grande surprise, à l’âge de cinq ans, quand mes parents m’ont demandé si je voulais m’inscrire à un programme junior pour entamer ma carrière de curling. J’ai fait mes débuts au club de curling St. Vital, dans la ligue junior, de 15 h à 17 h tous les samedis.
Au fil des ans, j’ai développé mes habiletés en jouant sur des pistes mesurant les trois quarts d’une surface régulière avant de passer à des pistes régulières et de jouer contre des enfants plus âgés, ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience dans des tournois à Winnipeg et un peu partout au Manitoba. Mon capitaine actuel, Jordon McDonald, et moi avons affronté certaines des meilleures équipes de moins de 21 ans du Manitoba et des États-Unis. Même si tous les matchs étaient serrés, nous perdions chaque fois, mais cela a fait ressortir mon côté compétitif.
J’ai participé à trois finales provinciales dont l’enjeu était de représenter le Manitoba à un championnat national. La troisième fut la bonne et, après avoir remporté le championnat provincial des moins de 18 ans, j’ai représenté le Manitoba aux championnats canadiens de curling des moins de 18 ans en 2019.
Une semaine après notre victoire aux championnats provinciaux, mon père m’a parlé de la possibilité de soumettre ma candidature en vue des Jeux olympiques de la jeunesse. Tout ce que j’avais à faire était d’écrire un texte de 500 mots expliquant pourquoi je voulais représenter le Canada à ces Jeux. Cet essai est probablement le meilleur et le plus relu de tous les essais que j’ai pu écrire pendant mes études (école secondaire et université) et je le trouvais très réussi. Je pensais avoir une bonne chance, mais cette partie ne représentait que 20 % du processus de candidature. Le reste du processus a eu lieu à Sherwood Park, en Alberta, lors des championnats nationaux des moins de 18 ans. Les représentants de Curling Canada étudiaient le comportement des candidats sur et en dehors de la glace et allaient choisir les membres de l’équipe en fonction de leur texte et de leur performance sur la glace pendant la compétition.
Avant mon départ pour les championnats nationaux, ma mère m’a donné le meilleur conseil que j’ai jamais reçu : parler à tout le monde et m’amuser. C’est ce que j’ai fait et je me suis fait de nouveaux amis de partout au pays. Le dimanche, les finales étaient à l’horaire et des prix individuels étaient remis, et j’ai eu la chance de recevoir le prix de l’esprit sportif au sein de mon groupe, suite à un vote des joueurs. Nous avons également remporté le match pour la médaille de bronze contre la Nouvelle-Écosse. Nous étions tous emballés de terminer troisièmes au pays.
Quand je suis rentré de Sherwood Park, j’ai en quelque sorte oublié la candidature pour les Jeux olympiques de la jeunesse pendant une semaine. Ensuite, j’ai reçu un courriel de Curling Canada annonçant qu’ils appelleraient les heureux élus le 15 avril entre 18 h et 18 h 30 heure du Centre. Ce soir-là, « heureusement » pour moi, je devais étudier pour un examen de physique et un quiz d’histoire qui avaient lieu le lendemain. À 18 h, mes parents m’ont appelé pour que je monte à l’étage et nous nous sommes assis à la table de la cuisine pour attendre l’appel. Quinze minutes plus tard, le téléphone a sonné et j’ai décroché si rapidement que j’aurais pu établir un nouveau record du monde. Encore aujourd’hui, mes parents me taquinent en disant que c’est la seule fois où j’ai répondu au téléphone.
C’était Curling Canada et ils m’ont félicité pour ma sélection au sein de l’équipe. À ce moment, tout mon corps a commencé à trembler. Mes parents sont venus écouter et ma mère a poussé un bloc-notes devant moi et m’a demandé de prendre en note toutes les informations. J’ai raccroché, serré mes parents dans mes bras et je suis redescendu, essayant de me concentrer à nouveau sur mes études.
Plus tard dans la soirée, l’entraîneure Helen Radford a appelé pour me féliciter et me dévoiler l’identité des autres membres de l’équipe : Lauren Rajala (Nord de l’Ontario), Emily Deschenes (Ontario) et Nathan Young (Terre-Neuve et Labrador).
J’ai dû garder le secret pendant quelques jours jusqu’à l’annonce officielle, ce qui fut vraiment difficile. La nouvelle s’est répandue dans mon école très rapidement et j’ai reçu plus de félicitations que je pense en recevoir pour le reste de ma vie. Le lendemain, j’étais au Winnipeg Free Press et mon père m’a envoyé un texto pour me dire que la station de radio CJOB voulait m’interviewer. J’étais vraiment content car je n’avais jamais été interviewé auparavant. Ma première entrevue n’a pas été mauvaise, mais pas excellente non plus. Mais ce n’est pas grave car je sais qu’il y en aura d’autres.
Notre équipe fut en contact en ligne, mais nous nous sommes rencontrés pour la première fois seulement quatre mois plus tard au camp de la prochaine génération de Curling Canada à Waterloo, en Ontario.