Coup de folie avec John Morris
Cette semaine, l’invité de John est John Morris, homme qu’il est quasiment inutile de présenter, et le deuxième plus beau dénommé John sur les pistes de curling en Colombie-Britannique. John est médaillé d’or des Jeux Olympiques de 2010, double champion du monde junior, champion du monde sénior, et présentement c’est un athlète qui tient vraiment à améliorer sur son résultat de deuxième place aux Essais olympiques de 2013; cette campagne s’amorcera d’ailleurs très bientôt, aux Pré-Essais 2017.
Bienvenue à Coup de folie, une série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue d’amorcer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment.
1. Au-delà des voyages, quelle est l’occasion la plus passionnante que le curling t’ait procurée?
John Morris: Je me sais chanceux; j’en ai eu beaucoup, mais si j’ai à choisir une seule, ça devrait être les Jeux Olympiques de 2010. Toute l’expérience a été géniale, mais je pense que le plus spécial était la possibilité de croiser des personnes que, autrement, on n’aurait jamais eu l’occasion de rencontrer. J’allais au gymnase du Village Olympique avec Chris Pronger; j’ai regardé le Canada jouer au hockey aux côtés de Wayne Gretzky dans la Maison du Hockey, et puis l’intervalle post-olympique a été passionnant aussi. Nous avons fait une tournée médiatique avec d’autres athlètes; nous avons côtoyé des gars comme Jonathan Toews au gala MuchMusic Video Awards, des choses comme ça. C’était incroyable.
JC: Est-ce que tu as eu le sens que les athlètes que tu as croisés étaient bien informés sur le curling, ou est-ce qu’ils se concentraient plutôt sur leur propre truc?
JM: Non, c’était ça le meilleur – on se sent vraiment membre d’Équipe Canada. Et c’est d’autant plus vrai pour les joueurs de hockey, puisque pendant quelques semaines ils ont eu la chance de se comporter comme des gens ordinaires. Évidemment, ils sont des célébrités dans le Village aussi, mais personne ne les harcèle et ils peuvent donc redevenir des gens normaux. Et ils respectent certainement le curling. Sidney Crosby et ses coéquipiers des Penguins sont même venus jouer au Glencoe Club à Calgary dans la foulée des Jeux Olympiques, pour une activité de renforcement de l’esprit d’équipe, et il remarquait combien il respectait les joueurs de curling, puisqu’il était tellement endolori le lendemain de sa journée de curling. Il m’a convenu qu’il avait découvert des muscles dont il ignorait même l’existence, donc entendre de telles paroles d’un costaud comme ça, c’est gratifiant.
2. Si on faisait une figurine à ton image, quel accessoire (et je ne parle pas du curling) la complèterait?
JM: Un arc et des flèches pour sûr. En fait, un arc et des flèches dans une main et une canne de pêche dans l’autre.
JC: Bon ben je te savais friand de plein air, mais ce côté tireur à l’arc m’était inconnu. Tu peux m’expliquer ton penchant pour la chasse à l’arc?
JM: Bon, j’ai commencé à chasser avec un fusil, et ça ne me plaisait aucunement. C’était une expérience unique, mais je trouvais rébarbatif que l’animal n’ait guère chance de gagner la partie. Ça me semblait injuste. Il y a une certaine pureté qui relève du tir à l’arc, et on est vraiment obligé de chasser. Il y a pas mal d’adeptes de la chasse qui se font l’idée que pour chasser, il faut rassembler un groupe de gars, tenues de camo à gogo; on arrive sur place en camionnette, descend la bête d’un coup de feu, et on part. Avec le tir à l’arc, il faut guetter, suivre la proie, connaître le bois, tout ça. Et j’aime aussi savoir la source de ce que je mange. Et en passant, c’est délicieux.
JC: Tu penses que ces habiletés t’aident sur la piste de curling?
JM: Certainement. Il faut être en très bonne forme pour faire le tir à l’arc : on court beaucoup, on suit les pistes, et les journées sont souvent longues. C’est un excellent entraînement cardiovasculaire pour sûr. Et mentalement, ça m’aide à entrer dans la zone quand je suis sur la glace. Quand on fait la chasse, le téléphone est éteint, on communie avec la nature, et il y a une grande sérénité qui découle de cela. Parfois, si je me sens stressé sur la glace, je pense à la chasse et ça m’aide à me vider l’esprit.
3. Imagine que tu vas braquer une banque : quels deux joueurs ou joueuses – et tu ne peux pas nommer plus d’un coéquipier— choisirais-tu pour ta bande, et quel rôle jouerais-tu?
JM: Wow. Okay. Euh, bon, nous aurions clairement besoin de distraire le caissier, donc ça pourrait être n’importe qui, je suppose. Mais le plus important est d’avoir Ryan Fry comme complice. Il est tellement maigrelet, personne ne le remarquerait. [rire] Je le ferais aller derrière le comptoir et ouvrir la chambre forte.
JC: [rire] Je m’imagine Ryan Fry qui se faufile derrière le comptoir en grand criminel. [rire] Et puis ensuite tu te rends doucement dans la chambre forte et ramasses l’argent, aussi simple que ça. Tu es la grande star de l’affaire.
JM: [rire] Absolument, mec. Mais ne te fais pas de soucis, je partagerai l’argent avec Fry.
4. De tous tes boulots, lequel a été le pire?
JM: Je dirais que mon tout premier emploi a été le pire. Je travaillé chez Canadian Tire quand j’étais en 10ème et 11ème année à l’école. J’espère que mes collègues de l’époque ne lisent pas cette entrevue; mon ancien patron serait dépité. [rire] Je gagnais 6,50$ de l’heure, et au dernier sou près, ça s’est investi dans les bières de fin de semaine, mais c’était un moyen vraiment naze pour gagner cet argent.
JC: Mais qu’est-ce qu’il y avait de si naze?
JM: Johnny, à vrai dire, je ne saurais pas identifier une seule chose en particulier. C’était pas mon truc, somme toute. J’avais beaucoup d’amitié pour mes collègues, et d’ailleurs ils ont rendu l’expérience supportable, mais je m’ennuyais comme tout. Mes quarts de travail semblaient interminables. Je travaillais normalement pendant six heures, et ç’avait l’air de six jours. En fait, [rire] je ne devrais probablement pas te raconter ça, mais de temps en temps il fallait monter au bureau trouver tel ou tel truc. Bon, quand j’étais chargé de cette mission-là, je montais l’escalier, trouvais un coin tranquille, m’asseyais sur une caisse et faisais une sieste d’une trentaine de minutes. [rire]
JC: [rire] Ah mon gars, je pense que nous avons tous vécu l’expérience d’un boulot où le plus grand défi est de ne pas s’endormir.
JM: Mais il faut dire, pour que mon ancien patron ne s’en veuille trop à moi : j’ai tiré une leçon très valable, à un très jeune âge, qu’il ne vaut pas la peine de travailler dans un emploi qu’on n’aime pas du tout. Depuis lors, j’ai eu uniquement des boulots que j’aimais, et je pense que c’était quelque chose d’important à apprendre.
5. Te souviens-tu d’une notion ridicule à laquelle tu as cru pendant bien trop longtemps?
JM: Ah là là, c’est dur ça. Bon, à l’université, j’avais cette idée que j’étais un grand cuisinier. Maintenant, après avoir suivi une formation de chef de cuisine, je me rends compte que préparer un paquet de Kraft Dinner et des lanières de poulet surgelées, ce n’est pas la définition d’un gourmet. [rire]
JC: Que non! Et j’imagine que cela n’a pas vraiment impressionné les blondes, dans tes années universitaires. Je suis sûr que maintenant, avec cette formation de chef de cuisine, tu sais préparer un beau repas pour une dame, et si tu te faisais autrefois l’idée que KD était du gourmet, bon, il y aurait un monde de différence aujourd’hui …
JM: [rire] Oui, ça me gêne d’y penser maintenant. Je me souviens que je suis sorti avec une fille et je me suis vanté de mes compétences de chef de cuisine, donc elle est venue dîner chez moi. [rire] Il a fallu peu de temps pour qu’elle se rende compte que ce n’était pas exactement de la haute cuisine. Et je pense que c’était la dernière fois où nous sommes sortis ensemble. [rire]
6. On va passer maintenant aux questions qui portent spécifiquement sur John Morris, et il faut te dire qu’il y a pas mal d’anecdotes que nous ne pouvons pas publier ici. Cependant il y en a de belles que nous pouvons mentionner. La première chose qu’on m’a suggérée comme sujet est la chasse aux faisans. On me dit que tu t’es fait éliminer d’un tournoi et que tu as déversé ta colère sur les oiseaux?
JM: [rire] Seigneur, c’est vrai. Ça s’est passé deux fois en fait, mais si je me souviens bien, une de ces fois nous nous étions qualifiés en Série A. Et toutes les deux fois, ça s’est arrivé à Brooks, qui est une espèce de Mecque pour la chasse aux faisans; des gens de tout autour du monde s’y rendent juste pour faire la chasse. La première année où nous y avons été, le service de guides de chasse était le commanditaire qui partageait une table avec nous au banquet, et on nous a servi du faisan pour le dîner, et je me suis dit qu’il fallait absolument prendre part à cette fameuse chasse. Et nous avions toujours une grande motivation pour nous qualifier en Série A à Brooks.
JC: Et si vous ne vous qualifiiez pas, que de meilleur moyen qu’une partie de chasse pour vous remettre de cette déception…
JM: Précisément…une année, nous avions déjà été éliminés avant dimanche, donc même si ça craignait de quitter le tournoi, nous avons pu passer la journée dans les champs. Je me souviens que cette année-là, Carter était de notre nombre et il a amené son épouse Sheila, et bon Dieu c’était honteux. Je t’ai dit que je fais la chasse, mais je suis nul avec un fusil, absolument nul. Donc je suis sorti plein d’espoir pour descendre des oiseaux, et le chien fait son truc et fait sortir le gibier, et Carter et moi tirons comme des fous et…rien. Sheila fait deux tirs et deux faisans tombent à terre. C’est une femme qui a été élevée à la campagne, donc c’était vraiment cool de la voir manier un fusil, mais les efforts de Carter et moi avaient l’air d’autant plus nuls. [rire]
7. Il convient que tu mentionnes Carter, puisque ma deuxième question porte sur lui. Je me souviens de jouer contre vous à Vernon il y a quelques années, et vous vous êtes rendus à ce tournoi en VR. Or, on me dit que vous avez joué pas mal de parties de cartes pendant ce tournoi…et Carter a subi une peine assez unique. Tu peux me raconter ça?
JM: Bon, en tout premier lieu, c’était une fin de semaine formidable. C’était quelque chose que je voulais faire depuis un bon moment, aller à un tournoi en VR. Donc nous avons amorcé le trajet à Calgary, nous nous sommes arrêtés dans quelques campings en route; j’ai préparé les repas pour les gars et nous nous sommes bien amusés. Avec ce groupe, oui, on faisait souvent des parties de cartes, et un jour nous étions dans le VR, dans le stationnement du club de curling, et il a commencé à neiger. La partie de cartes se dynamisait, et nous avons décidé d’ajouter un pari : le perdant devait se mettre debout contre le mur et se laisser faire bombarder de boules de neige.
JC: Ah là là.
JM: Tu me piges. Donc Carter perd, et nous le mettons contre le mur. La première boule de neige lui frôle le crâne à un centimètre près et s’éclate contre le mur du club de curling. Nolan était membre de cette équipe-là si tu te souviens, et il avait été lanceur sur son équipe de baseball au collège, donc il ne s’agissait pas de lancers mous. [rire] Nous nous sommes rendu compte vite fait que si nous l’atteignions à la tête, il y avait un fort risque qu’il perde connaissance. Donc nous avons troqué les boules de neige contre un football mou que nous avions dans le VR, et c’était mon tour et je l’ai frappé droit dans les fesses. Il avait une marque sur la peau après, c’était hilarant.
8. Bon, cette question finale est celle qui a été formulée par un autre joueur ou joueuse, et dans ton cas c’est Lisa Weagle. Elle pose une question sur une autre rumeur qui court à ton propos : il paraît que tu as un penchant pour le karaoké. Donc Lisa te demande, quelle a été ta plus mémorable expérience de karaoké?
JM: Ah, il y en a bon nombre. La meilleure, probablement, c’était au Shuswap il y a quelques années, en compagnie d’un groupe d’amis, des pompiers. Nous passions la nuit chez un ami, à son chalet, donc nous sommes allés dans le bar local et c’était la soirée de karaoké. Nous jasions avec la serveuse, qui était belle, et les gars à la table m’encourageaient «Morris! C’est ton tour!» Et à ce point-là j’avais suffisamment de courage liquide en moi pour demander à la serveuse quelle était sa chanson favorite, et c’était «Teenage Dirttbag» de Wheatus. [rire]
JC: [rire] Bon Dieu…c’est une drôle de chanson à essayer en karaoké.
JM: Absolument, et nous ne connaissions personne dans le bar, donc ç’avait certainement l’air ridicule, ce gars qui monte sur l’estrade et chante Teenage Dirtbag. [rire] Et puis c’était la toute première fois où j’ai chanté cette chanson, donc je ne me suis pas pris au sérieux, et encore plus drôle, il y a un air vers la fin qui est chanté par une fille, et ces deux vieilles dans le bar se sont mises à l’interpréter haut et fort, et tout le monde dans le bar a craqué de rire. Après ça, nous étions comme les grands héros dans le bar. [rire]
JC: En tout cas, c’est une chanson horriblement difficile. Comment t’es-tu débrouillé avec les notes aiguës?
JM: Bon, comme tu le sais étant toi-même joueur de curling, on a la voix rugueuse en permanence puisqu’on crie tout le temps, donc je n’y parvenais pas avec les notes aiguës. C’était l’effort qu’on a applaudi, non pas le produit réel. [rire]
JC: Parfait, merci infiniment, John. Et maintenant pourrais-tu me donner une question à poser à la prochaine invitée dans cette série, Krista McCarville?
JM: Euuuhhh, il faut réfléchir un peu. Ne te fais pas de soucis, je t’en donnerai une bonne.
JC: Bon, merci beaucoup John, et bonne chance et bon courage aux Pré-Essais olympiques dans l’Île-du-Prince-Édouard. Et aux championnats provinciaux de Colombie-Britannique aussi, bien sûr! [rire]
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