Coup de folie avec Lisa Weagle
Nous sommes de retour! Cette semaine, l’invitée de John est Lisa Weagle, première sur Équipe Homan, championne du monde, triple championne canadienne et une des rares joueuses qui a donné son nom à un coup de curling. Équipe Homan vient de vivre deux saisons qu’on pourrait raisonnablement classer parmi les plus impressionnantes sur l’histoire du curling féminine, et la présente saison s’annonce encore plus passionnante, puisque cette équipe est en lice pour représenter le Canada aux Jeux Olympiques d’hiver 2018.
Bienvenue à Coup de folie, une série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue d’amorcer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment.
1. Quelle est l’occasion la plus passionnante que le curling t’ait procurée?
Lisa Weagle: Probablement l’occasion de voyager. Certains de nos voyages ont été vraiment sympas. J’ai visité la Lettonie, la Chine, la Suisse – des endroits où je n’avais jamais imaginé aller. Et dans le Canada aussi—il est vraiment beau de pouvoir jouer aux quatre coins du pays. Nous avons joué dans toutes les provinces et nous avons visité plusieurs continents. Je me sais chanceuse.
John Cullen: Est-ce que ce n’est pas un peu différent pour une tournée de curling, cependant? Tu te déplaces à ces villes, oui, mais est-ce que tu as le temps et l’occasion de les visiter pour de vrai?
LW: Certainement, c’est différent lorsqu’on est là pour un tournoi, puisqu’il y a des routines qui s’imposent; on fait la navette entre l’aréna et l’hôtel, et on mange dans les mêmes restaurants. Mais notre séjour à Pékin cette année a été splendide. Nous nous y sommes rendues en avance, pour surmonter le décalage horaire, mais également pour faire les touristes. Nous sommes allées à la Grande Muraille, qui est vraiment merveilleuse.
JC: Tu as mentionné les restaurants : ça doit être dur de voyager dans les pays où la cuisine est vraiment différente, avec le souci constant d’être en forme pour concourir.
LW: En Chine, nous avons pris l’habitude de manger les choses que nous prenions chez nous—des œufs, du gruau, des rôties. Nous avons apporté des trucs dans nos valises, c’est sûr. Et c’est peut–être maladroit de ma part de le mentionner, mais nous avons mangé SOUVENT chez Pizza Hut. [rire] Ce n’est pas normalement quelque chose que nous mangerions durant une compétition, mais c’était en face de l’hôtel, et c’était un endroit et un menu qui nous était familier.
2. Si on faisait une figurine à ton image, quel accessoire (et je ne parle pas du curling) la complèterait?
LW: Je pense que la mienne se complèterait d’un Corgi, puisque j’en ai un et j’en suis follement amoureuse. [rire]
JC: Il faut le dire, j’ai parlé avec plusieurs personnes à ton titre pour préparer cette entrevue et elles ont toutes mentionné à quel point tu aimes ton chien.
LW: Il est vraiment top. Il s’appelle Trooper et il est devenu membre de notre famille il y a un an et demi. C’est mon premier chien, et c’était un de mes vœux depuis très longtemps. Joanne et Emma ont des chiens toutes les deux, et cela semblait bien marcher pour elles, donc j’ai convaincu mon époux d’adopter un chien, même si nous voyageons beaucoup tous les deux.
JC: Effectivement, ça doit être dur, être en voyage autant que cela. Il devrait te manquer énormément.
LW: Mon chien ou mon mari? [rire]
JC: [rire] Bon, c’est l’éternelle question. Je suis certain que Robin comprend qu’il est en bas de la pyramide, relativement au chien.
LW: [rire] Bon, je ne vais ni confirmer ni nier.
3. Si tu étais contrainte à braquer une banque, quels deux joueurs ou joueuses – et tu ne peux pas nommer plus d’une coéquipière— choisirais-tu pour ta bande, et quel rôle jouerais-tu?
LW: Je ne peux pas choisir deux coéquipières? Oh mec. J’ai mal lu cette question quand tu me l’avais envoyée. J’ai assumé que ce serait Emma et Rachel. Comme équipe, nous avons fait l’expérience d’une de ces jeux d’évasion et curieusement, le thème était un cambriolage de banque. Nous avons réussi à nous en tirer, et Rachel et Emma ont tout fait. [rire] Rachel était excellente comme stratège, et Emma est quelqu’un sur qui on peut compter quand on est acculé au mur. Hm.
JC: Désolé, mais tu peux choisir seulement une coéquipière, c’est les règles. Cela ne relève pas de moi.
LW: [rire] Ben, j’opte pour Emma. C’est une battante. Elle sait tout faire et on peut se fier à elle, peu importe la situation. Et en plus, nous avons regardé pas mal d’émissions Criminal Minds ensemble en tournée, donc je pense que nous faisons la paire. Elle peut se charger de l’exécution et moi je me charge de la stratégie.
JC: Et l’autre membre de ton gang?
LW: Je vais choisir EJ Harnden. Il nous faut un costaud pour porter le grand sac d’argent. [rire]
4. De tous tes boulots, lequel a été le tout pire?
LW: Quand j’étais à l’école secondaire, je cherchais un emploi d’été et j’ai soumis mon cv à toutes sortes d’endroits. Le premier à me répondre a été une épicerie bon marché dans mon quartier, et cela n’a pas été beau. [rire] J’étais caissière et c’était une expérience misérable.
JC: J’ai travaillé dans une épicerie moi aussi, durant mon adolescence. Mais pas à la caisse. Ce serait infernal j’imagine.
LW: Au début, c’était tellement dur. Il faut mémoriser les codes de tous les fruits et légumes, et j’étais complètement nulle à ce titre. Mais le pire, c’est que l’épicerie a pris la décision de faire payer les sacs en plastique, et à l’époque on était peut-être la toute première épicerie à mettre en place une telle politique. C’était au début des années 2000, et PERSONNE n’avait encore pris cette mesure. Et chaque client s’en voulait à moi, comme si c’était moi qui avais accouché de cette idée. [rire]
JC: C’est vraiment remarquable, quand on travaille en première ligne, on est confronté par les clients qui croient que tous les problèmes au monde sont de ta faute puisque tu oses demander cinq cents pour un sac en plastique. Et toi, adolescente, ils pensent vraiment que toi tu as personnellement promulgué ce changement radical?
LW: C’était vraiment déraisonnable. Heureusement, un des autres employeurs potentiels que j’avais contactés m’a appelé deux semaines plus tard et j’ai délaissé mon boulot à l’épicerie sur-le-champ. Et présentement j’ai plus ou moins rayé cette période de mes souvenirs. [rire]
5. Est-ce que tu te souviens d’une croyance bête à laquelle tu t’es tenue pendant longtemps?
LW: Je pensais que mon père et Dennis Eckersley étaient la même personne.
JC: Attends, Dennis Eckersley, le célèbre lanceur de relève?
LW: [rire] Oui. Mon père et Eckersley portaient la même moustache en crocs à la fin des années 1980, début des années 1990, et pendant toute mon enfance, il y avait toujours des matchs de baseball à la télé chez nous. Je savais que mon père jouait au baseball—dans une ligue récréative—mais j’étais assez jeune pour assumer que c’était les ligues majeures. Donc un jour, je vois Dennis Eckersley à la télé qui lançait, et j’ai dit, «Tiens, c’est papa!» Il n’était pas chez nous à ce moment-là, donc ma mère a joué le jeu, et cela a continué pendant un bon bout de temps.
JC: [rire] Incroyable. Quelle belle anecdote. Donc c’était le hasard qui a intervenu et, à chaque fois où il était «à la télé», ton père était absent de la maison? Je pense que cela aurait rompu le charme. À quel moment est-ce que la lumière s’est allumée pour ainsi dire?
LW: Bon, ben il m’a fallu pas mal de temps pour comprendre. Trop de temps. Je ne me rappelle même pas combien de temps cela a duré en fin de compte, mais mes parents n’ont fait aucun effort pour m’éclairer, et ils ont maintenu la façade pendant bien trop longtemps à mon avis. [rire]
6. Passons maintenant aux questions qui portent spécifiquement sur Lisa Weagle. On me dit que tu es disc-jockey pour Équipe Homan quand vous êtes toutes ensemble sur la route, et j’ai entendu dire que tu as des goûts quelque peu surprenants, qu’on n’attendrait pas de toi. Quelle sorte de musique aimes-tu, Lisa?
LW: Bon dieu. Ben, je pense que la musique sert à mettre le ton, donc c’est peut-être la réponse à la question. Parfois, j’aime écouter de la musique rap assez agressive. [rire] J’imagine que Joanne (Courtney, deuxième sur Équipe Homan) t’a passé ce renseignement, puisque je me souviens de la première fois où j’ai passé une chanson de ce genre, et elle était comme sidérée.
JC: Bon, je ne crois pas que ce soit si choquant que ça, mais je comprends qu’il y aurait des personnes qui ne te prendraient pas pour une fille avec un penchant pour le rap agressif. Tu peux me donner des exemples?
LW: Bon dieu, c’est gênant. Je ne me permets même pas de prononcer certains des titres dans le cadre de cette entrevue; ils sont…louches. [rire] Je regarde ma liste de lecture…il y a des chansons de Lil’ Wayne, de Drake. Je suis allée au concert de Drake; il a été formidable. Les autres filles ont une prédilection pour la musique country, donc j’ai ajouté un peu de ce genre à la liste de lecture, mais parfois, dans la foulée d’une grande victoire, il faut quelque chose de plus fort. De même après une défaite écrasante. [rire]
JC: Je peux confirmer que c’était Joanne qui m’a confié ces renseignements. Je suis certain que tu l’avais effrayée avec ton rap.
LW: Bon, ben, il y a des personnes – comme Jo – qui aiment écouter de la musique légère et joyeuse aux séances d’exercice Et il y en a d’autres – comme moi – qui ont besoin de quelque chose qui grouille d’énergie. [rire]
7. Tu sais que j’aime accueillir les premiers et premières comme invités puisque c’est mon poste à moi aussi. Et cela veut dire que nous pouvons jouer notre jeu favori : Premiers en tête à tête! Donc je te poserai une série de questions rapides sur les premiers dans notre sport.
Quel premier ou quelle première serait le capitaine idéal?
LW: Je choisis Dawn McEwen. J’ai joué contre elle en doubles mixtes à plusieurs reprises et elle a réussi un tas de coups à mes dépens. Elle a un sac à malices que j’admire beaucoup, et je pense qu’elle pourrait prendre les commandes très facilement.
JC: Et qui serait le pire capitaine?
LW: Ma réponse peut être un homme? Je ne veux pas vraiment jeter une femme sous les roues du bus. D’ailleurs, l’homme que j’ai en tête serait une meilleure réponse à ta question. [rire]
JC: Mais bien sûr!
LW: Okay, Ben Hebert. Nous sommes à Calgary présentement pour le tournoi Autumn Gold et Emma et moi venons de disputer une partie 2-à-2 avec lui et Paul Webster, et nous les avons écrasés. Nous n’avons même pas eu à lancer notre dernière pierre. ET il lançait en dernier. Il ne sait lancer à effet intérieur ni réussir une sortie, donc il serait le pire des capitaines. [rire]
JC: Quel premier ou quelle première a le meilleur style?
LW: Sophia Mabergs, d’Équipe Hasselborg. Elle est petite, elle est dure à cuire, elle a une belle chevelure et ses tatouages…!!!!.
JC: T’es la deuxième personne à la mentionner. Elle attire l’œil, on dirait…
LW: Que puis-je dire? J’admire son style.
8. Bon, normalement c’est le moment où je te poserais une question suggérée par l’invité précédent, mais ça fait longtemps depuis mon entrevue avec Geoff Walker et il est en Suisse maintenant, donc je suis un peu à court d’idées.
LW: Attends, tu ne vas pas me poser la question sur le meilleur coup auquel j’aie jamais participé?
JC: Ben, non. J’ai changé les questions cette année. Tu es l’heureuse gagnante qui est la première à répondre aux nouvelles questions.
LW: Ah. Mais je tenais vraiment à en parler. [rire]
JC: [rire] Okay, voyons. On te la donnera comme question. Lisa, quel a été le meilleur coup auquel tu aies jamais participé?
LW: [rire] Bon, je ne songeais pas à dérouter ton entrevue, mais j’accepte avec plaisir. Ça doit être la double sortie de Rachel au 10ème bout de la finale du Tournoi Scotties de cette année (https://youtu.be/7SX2p79EfmY?t=2h33m39s). C’est le tournoi Scotties, chez nous en Ontario, et le match est en jeu…et elle a su réussir un tel coup sous toute cette pression. Je pense que ce tir va être remémoré comme un des grands coups de tout temps. On va en parler pour bien des années à venir.
JC: Je me doutais que tu choisirais ce coup-là. Je me souviens de regarder ça, je voyais Rachel dans l’appui-pied et je savais déjà qu’elle allait réussir le tir. Et c’était comme ça pour moi qui regardais à la télé. C’était comme ça en personne aussi?
LW: Je pense que ça se voyait dans ses yeux, pour sûr. Chose curieuse, cette année ils ont changé le concours Hot Shots et un des coups était ce genre de sortie indirecte, et Rachel avait eu beaucoup de succès avec ce tir-là (note de la rédaction : Rachel a également remporté le titre Hot Shots). Donc à cause de cette compétition dite amicale, elle avait un bon sens d’où mettre le balai et comment lancer. J’étais assez confiante qu’elle réussirait le coup.
JC: C’était un coup extraordinaire. Tu te souviens d’autres aspects de ce coup?
LW: Je pense que la plus grande déception, c’est que nous n’avons pas pu célébrer. Nous étions conscientes qu’il y avait encore un autre bout à survivre, donc il fallait réorienter la concentration et nous apprêter à cela. Donc c’était un coup énorme, mais ce n’était pas un moment que nous avons pu savourer.
JC: Parfait. Gros merci, Lisa. Je pense que notre prochain invité est John Morris, quelqu’un que tu connais bien. Tu as une question que je peux lui poser?
LW: Ah là là, des questions, j’en ai abondamment pour John. [rire] Bon, tout le monde sait que John se passionne pour le karaoké. Demande-lui de raconter son expérience la plus épique de karaoké.
JC: J’ai entendu des histoires à ce titre, donc j’ai hâte de lui poser cette question. Merci encore, Lisa, et bonne chance et bon courage aux Essais olympiques!
Suivez John sur Twitter @cullenthecurler et suivez Lisa Weagle sur Twitter @lweagle19.