La promotion du sport… une question de vision
Je me suis amusé le week-end dernier à naviguer sur les différents sites qui traitent de curling, entre autres sur celui, évidemment, de l’Association canadienne de curling. Comme à toutes les fois que je visite ce site, je jette toujours un coup d’œil dans la section des petites annonces. Une vieille habitude de l’époque où je rêvais de gagner ma vie dans le merveilleux monde du curling. À l’occasion, on trouve, dans cette section, des offres d’emploi, soit comme technicien de glace, responsable de certains programmes ou encore gérant de club de curling, et ce, dans l’ensemble du Canada. Il va de soit que les clubs de curling étant plus grands dans le Canada anglais, avec plus de membres, et de moyens financés, ceux-ci offrent des opportunités d’emploi généralement plus avantageuses, mais surtout plus fréquentes.
@hemmingsguy
C’est avec grand intérêt que j’ai pu constater qu’il y avait présentement deux offres d’emploi comme gérant dans deux superbes clubs de curling au pays : une à Vancouver et l’autre à Whitehorse. Wow! Quelles opportunités intéressantes pour les amateurs de curling qui ont à cœur le développement de ce sport (j’ai eu le privilège de visiter à quelques occasions ces deux clubs et ils ont ce qu’il faut pour être parmi les clubs les plus fleurissants au Canada). En lisant ces deux petites annonces, le promoteur en moi a refait surface l’espace de quelques instants. Je me suis vu assis sur l’une de ces deux chaises, rêvassant les yeux grand ouverts, comme je l’ai si souvent fait dans le passé, sur l’approche que j’aurais pour m’assurer du succès de cette petite PME qui me serait confiée avec le titre de Cadre.
Les responsabilités découlant d’un tel poste sont nombreuses et diversifiées, encore plus aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a 20 ou 30 ans. Il ne suffit plus, de nos jours, d’ouvrir les portes et de se fier sur le bouche-à-oreille ou sur les membres en place pour régénérer l’effectif des clubs de curling. Il faut désormais faire preuve d’imagination, de créativité, pour réussir à susciter assez d’intérêt pour faire bouger le citoyen Nord-Américain, lui donner l’envie de quitter, ne serait-ce que quelques heures par semaine ou quelques heures par mois, son téléviseur ou son ordinateur pour se diriger vers nos enceintes sportives.
Bien que la tâche soit plus difficile qu’elle ne l’était jadis, elle est loin d’être impossible. Preuve en est que plusieurs clubs de curling réussissent à le faire très bien. Au cours de mes nombreux voyages à travers le Canada et dans les différents clubs de curling du pays, je me suis souvent posé la question à savoir pourquoi un certain club était plein à craquer, était même à court d’heures de glace disponible, ne réussissait pas à fournir à la demande, alors qu’un autre club, à quelques kilomètres de là seulement, avait toute la misère du monde à joindre les deux bouts financièrement et ne réussissait pas à générer de l’enthousiasme dans sa communauté. Croyez-moi sur parole, cette situation est très fréquente partout au pays. Nous devons admettre qu’il est difficile, face à ce constat, de blâmer le produit!
Alors quelles sont donc les raisons qui peuvent faire sombrer, petit à petit, un club dans l’indifférence communautaire presque totale? Ma première hypothèse porterait sur l’immobilisme de ses dirigeants, leur refus face au changement. La société a changé rapidement au cours des dernières décennies et ces changements ne sont pas terminés, ils sont exponentiels. Comment peut-on alors prétendre que notre façon d’opérer une petite entreprise, comme un club de curling qui dépend exclusivement d’un service à la clientèle, puisse se permettre de faire preuve de statu quo dans son mode d’opération? La phrase qui est l’ennemi numéro 1 d’une administration saine d’un club de curling est la suivante: « On va faire ça de même, ça fait 20 ans que ça fonctionne comme ça! » Les administrations qui préconisent cette approche sont condamnées à voir leur club se recycler, à court ou moyen terme, en espace de stationnement.
Durant de nombreuses années, les seuls services qui étaient vraiment indispensables pour assurer le bon fonctionnement et la prospérité de son club de curling étaient des conditions de jeu décentes et un bar bien nanti. Cette recette est dorénavant périmée.
Quelles sont donc alors les alternatives? À mon humble avis, tout est dans la notion de service. Qu’est-ce que votre club de curling a à offrir qui va lui permettre non seulement de garder sa clientèle, mais également de lui faire prendre de l’expansion? Si l’on observe quelque peu les habitudes de vies de nos concitoyens, on peut facilement se rendre à l’évidence que ceux-ci n’hésitent pas à payer de gros prix s’ils sont convaincus que le service offert satisfait leurs besoins personnels. Trop souvent et trop rapidement, les autorités des clubs qui se sont retrouvés dans une situation précaire, au cours des dernières décennies, ont concentré leurs efforts sur la baisse des prix demandés pour les services qu’ils offraient plutôt que de tenter d’améliorer la qualité de ceux-ci. Les clubs qui ont refusé d’embarquer dans cette spirale négative et tenté plutôt d’accroître la qualité et la diversité de leurs services font désormais partie de l’élite des clubs de curling.
Si vous suivez mon raisonnement, vous constatez que les premiers efforts que je ferais une fois assis sur une chaise de gérant de club de curling se porteraient sur la diversité des services offerts et l’amélioration de ceux déjà en place. Le curling a de très profondes racines historiques, de très longues traditions en ce qui a trait à ses coutumes et à ses pratiques. Sans jamais pour autant vouloir dénigrer celles-ci, qui continuent d’attirer un certain type de clientèle, je m’assurerais de diversifier mon produit pour atteindre un autre ou plusieurs autres types de clientèle qui seraient peut-être moins emballés que je le fus par la cornemuse, le balai de paille et le béret Puppy chow!
Maintenant, comment mettre en place cette diversification des services? Comment rehausser les services offerts? Des idées, des plans d’action, j’en ai plusieurs petits tiroirs bien remplis dans ma tête; ça fait déjà belle lurette que j’ai commencé à m’intéresser à cette problématique de notre si beau sport et j’ai surtout, comme devrait le faire tout bon administrateur, regardé ce qui fonctionnait bien ailleurs. Mes petits tiroirs sont d’ailleurs beaucoup trop remplis pour vous en faire la longue nomenclature dans ce blogue du dimanche. Sans compter que je me dois de bien conserver quelques cartes cachées dans ma manche…au cas où j’aurais le courage d’envoyer mon curriculum vitae à ces deux merveilleux clubs de curling… Je salive déjà à l’idée d’une entrevue où l’on me demanderait comme premières questions : « Monsieur Hemmings, pourriez-nous expliquer en quelques mots votre expérience dans le monde du curling et nous faire part de votre vision quant à l’avenir et au développement de celui-ci au Canada? »
En quelques mots seulement?????? Eeeeh! Non!
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