Coup de folie avec Tyler Tardi
Cette semaine, l’invité de John est Tyler Tardi, capitaine de l’équipe qui a remporté le titre national junior masculin cette année. Même s’il a fini par être éliminé du Mondial junior en bris d’égalité, il a un dossier vraiment remarquable pour un jeune homme de 18 ans. Il a gagné une médaille d’or aux Jeux Olympiques de la jeunesse, une médaille de bronze aux Jeux du Canada, et deux titres provinciaux de doubles mixtes en Colombie-Britannique. Maintenant, il a dans son viseur un autre titre national, au championnat canadien des moins de 18 ans, plus tard cette saison.
Bienvenue à Coup de folie, une nouvelle série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue d’amorcer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment.
@cullenthecurler et suivez Tyler @tardiparty.
1. Quel est le plus beau coup auquel tu aies jamais participé?
Tyler Tardi: Lorsque j’avais 13 ans, nous disputions la finale A des éliminatoires juvéniles, et notre adversaire était Kyle Habkirk. La partie s’est prolongée en bout supplémentaire et j’avais à exécuter une double sortie en travers de la maison pour gagner. Il y avait un marqueur adverse à l’arrière du cercle des huit pieds et un autre au devant du cercle des huit pieds, aux deux bouts des cercles, et nous en avions un dans l’arrière du cercle des douze pieds que je devais monter. Il y avait des gardes en jeu aussi, donc aucune possibilité de placement.
John Cullen: Et tu avais les nerfs en boule, j’en suis sûr. Tu avais 13 ans, donc c’étaient tes toutes premières éliminatoires.
TT: Oui, j’étais déjà assez anxieux puis je me suis rendu à l’autre bout de la piste et je me mettais dans le bloc de départ lorsque mon premier m’a dit, «Tu sais, si nous ratons ce coup, nous allons perdre la partie.»
JC: [rire] Oh mon Dieu. Merci pour ton encouragement mon grand.
TT: Ouep, ça ne m’a pas rendu la vie plus facile. Mais en tout cas, j’ai réussi le coup. Et étant donné les circonstances, c’était probablement mon plus beau lancer.
2. Quel joueur ou joueuse saurais-tu battre dans un combat corps à corps?
TT: J’ignore. Je sais que beaucoup de personnes choisissent Colin Hodgson. Tu sais, j’accepte de me faire botter. Si quelqu’un cherche une bataille avec moi, il peut raconter à tous ses proches qu’il m’a battu, et je confirmerai l’histoire si on me le demande.
JC: [rire] Tu ne t’enfuirais pas? J’ai eu un couple d’invités qui ont dit qu’ils fileraient.
TT: Honnêtement, j’espèrerais que mon adversaire accepterait ma capitulation. Je n’avais même pas considéré l’idée de filer. Le combat n’est pas mon truc. [rire]
JC: Bon, tu joues aux côtés de ton frère depuis très longtemps. Tu veux me dire que vous deux vous ne vous êtes jamais chicanés? Je pensais que tu le choisirais pour sûr comme adversaire.
TT: Franchement, avec mon frère il s’agit d’une violence plus verbale que physique. [rire]
JC: Je me souviens des matchs contre toi quand vous étiez plus jeunes et ton frère était le troisième sur l’équipe : il y a en eu, des disputes.
TT: Oui, nous nous lancions des injures pendant les matchs, je l’avoue. Ce n’est jamais une bonne idée de mettre des frères ou sœurs ensemble en capitaine/vice-capitaine. [rire] C’était de ma faute à 90 pour cent, je pense. Mais nous jouons bien ensemble maintenant.
3. Si une charcuterie tenait à baptiser un sandwich en hommage de toi, comment serait ce sandwich?
TT: Tout un tas de garnitures. Les sandwichs énormes, j’en raffole. Quatre sortes de viande, deux sortes de fromage, laitue, concombre, cornichons, sauce, sel, pauvre. Un sandwich sérieux.
JC: C’est énorme, mec! Quelles sortes de viandes et fromages?
TT: Disons jambon, dinde, dinde aux tomates séchées au soleil, euhhh…quelle est la viande préparée au miel?
JC: Le jambon au miel?
TT: Oui c’est ça.
JC: Attends…tu veux deux sortes de dinde et deux sortes de jambon sur ton fameux sandwich?
TT: [rire] Absolument. Et peut-être du pepperoni, du salami, puis des fromages : Monterey Jack, cheddar et mozzarella.
JC: Maintenant tu ajoutes des choses. C’était déjà un sandwich monstrueux. C’est vraiment le genre de sandwich que tu commandes dans la vie réelle? On va le baptiser comment?
TT: Pour sûr, plus grand le sandwich, plus heureux je suis. Si ce n’est pas un vrai effort pour l’avaler, ça ne vaut pas la peine. [rire] Pour ce qui est du nom, il n’y a rien qui ne me vient à l’esprit, à part un nom que je ne devrais probablement pas prononcer.
JC: Dis-moi, j’apprécie les gros mots.
TT: Bon, on l’appellera le putain de sandwich. [rire]
4. Lequel a été le pire de tous les cours que tu as suivis?
TT: Je dirais le cours de comptabilité. Je le prends cette année et je n’arrive pas à m’y faire. Je suis fort en nombres, mais la comptabilité est une autre histoire. Je fais des contrôles en ligne et aux rares occasions où je n’échoue pas, je saute de joie et je me paie un régal. [rire]
JC: [rire] Je te comprends trop bien mon gars. Tu es fort en nombres, tu fais des études de commerce, pourquoi est-ce que la comptabilité t’embête tellement?
TT: On y voit les choses en noir et blanc. Et moi je préfère fonctionner dans la zone grise.
JC: Entendu. J’ai joué contre toi et je t’ai regardé jouer, et tu aimes la zone grise dans le curling aussi, tu aimes viser les coups extraordinaires, les défis.
TT: Ouep, et le plus souvent je les rate! [rire]
5. Tu te souviens d’une notion dingue à laquelle tu t’es tenu pendant bien trop longtemps?
TT: Je ne dirais pas trop longtemps, mais c’était du moins plus longtemps que la moyenne : quand j’avais six ans, j’ai vu une publicité qui prétendait que les écrans d’ordi étaient littéralement des portails vers le contenu affiché à l’écran. Pendant une bonne dizaine de jours, j’ai saisi toutes les occasions possibles pour réaliser ce «trajet». [rire]
JC: [rire] Mon dou, c’est génial! Donc tu faisais comment? Tu essayais de toucher le contenu à l’écran, quoi?
TT: Tout à fait : toucher avec la main, presser le nez contre le verre, tout ce que je pouvais pour trouver un moyen d’y accéder. Le monde là-bas avait l’air magique. [rire]
JC: Où est-ce que tu as essayé de «visiter»?
TT: Bon, l’espace favori était les jolies collines vertes de la page de garde de Microsoft. Je tenais vraiment à y arriver. Malheureusement je n’y suis pas allé en fin de compte.
6. Bon, il faut admettre que je te connais depuis un bon bout de temps, et le reste du monde de curling t’a découvert assez récemment. J’ai reçu bon nombre de messages textes durant le Mondial junior qui remarquaient sur ta sérénité sur la piste, l’intensité de ta concentration. Donc, après m’être informé auprès de tes amis, il paraît que tu prends les choses très au sérieux sur la glace, mais en même temps tu es super chatouilleux. Tu peux me confirmer cette rumeur?
TT: [rire] Oh mec, je pense que je sais qui te l’a dit. Oui, je suis très chatouilleux. En fait, c’est seulement mon dos qui ne l’est pas. Qui que ce soit pourrait m’aborder dans la rue et me chatouiller et c’est fini. C’est ma plus grande faiblesse.
JC: [rire] Ta plus grande faiblesse? C’est le genre de chose qu’on dirait à un entretien d’embauche. «Bon, j’admets que c’est une faiblesse, mais c’est aussi quelque chose auquel j’excelle.»
TT: Heureusement cette question ne s’est pas encore posée dans un entretien d’embauche. [rire] Et jusqu’à présent, il y a très peu de personnes qui sont conscientes de ce détail amusant. Peut-être je devrais m’inquiéter : maintenant il y aura des gens qui me verront dans la rue et essaieront de me chatouiller.
JC: Ouep, et peut-être j’userai de cette arme contre toi dans un match. Vous, les jeunes, vous devenez trop forts, et peut-être cette stratégie me paiera une année ou deux de plus avant que tu ne remportes 20 titres provinciaux consécutifs.
TT: [rire] Tu exagères; il nous reste encore du pain sur la planche.
JC: Peu importe, je vais tout de même te descendre avec des chatouillements.
TT: Ah, je n’en doute pas un seul instant. [rire]
7. Normalement je protège mes sources, mais dans le cas de cette question que je vais te poser, j’admets que dans mes recherches j’ai consulté ta copine et ta partenaire en doubles mixtes, Dezaray Hawes (note de la rédaction : Tyler et Dez ont remporté le titre provincial de doubles mixtes en Colombie-Britannique en 2013 et 2015). Elle m’a dit que vous deux vous vous entendez super bien et que vous vous chicanez rarement, et ce n’est pas surprenant, étant donné ce que tu viens de me raconter. Cependant elle m’a révélé que votre plus grande dispute a été provoquée par un bonhomme de neige. Tu veux m’expliquer?
TT: [rire] Ah là là. Bon, ben, nous nous sommes rendus à Ottawa pour les championnats nationaux de doubles mixtes 2015, et nous restions chez mon oncle et ma tante. Il y a eu une grosse chute de neige, donc nous avons décidé de monter une compétition de bonhommes de neige. C’était une mauvaise idée en fin de compte. [rire]
JC: Je sais que tu as une nature compétitive, et j’assume que Dezaray l’est aussi…ce n’est jamais une bonne idée de mettre une relation à l’épreuve comme ça.
TT: Aussitôt qu’on dit compétition, c’est toujours une mauvaise idée dans mon cas.
JC: [rire]
TT: Donc dès le début, je l’ai pris trop au sérieux. Pour la base il m’a fallu une demi-heure puisqu’il fallait que ce soit absolument, parfaitement ronde. La deuxième boule de neige a pris autant de temps encore, et la tête, même histoire. Honnêtement, j’ai passé environ 90 minutes à la construction. Je t’enverrai une photo – c’était un bonhomme magnifique. Je l’ai baptisé Henri. Je lui ai même donné une moustache de sol.
JC: Wow, tu t’es surpassé.
TT: C’est le moins qu’on puisse dire. Dez avait trouvé des carottes pour en faire un nez pour son bonhomme, et elle ne s’était pas rendu compte que j’avais déjà sculpté un nez parfait sur le mien. Elle pensait m’aider et elle a enfoncé une carotte dans la tronche de mon pauvre bonhomme.
JC: Wow. Donc elle ne t’aidait pas du tout en fin de compte. Comment as-tu réagi?
TT: Je pense qu’elle savait que je prenais l’affaire trop au sérieux et elle essayait de me taper sur les nerfs. À vrai dire, j’avais envie de me lancer sur son bonhomme et le mettre en pièces, mais je me suis retenu, donc c’était une petite victoire de ma part. Mais je suis resté en colère pendant cinq jours, donc honte à moi. [rire]
JC: Impressionnant. «Note à moi-même : il ne faut jamais concourir contre Tyler.» Évidemment à part toutes les occasions où nous nous affrontons. [rire] Qui a gagné en fin de compte?
TT: Ça m’agaçait que nous n’ayons élu personne comme juge. Mais sans aucun doute, j’étais le champion. Mon bonhomme de neige a été sensationnel. Regarde-moi ça, cette photo!
8. Bon, maintenant une question qui a été formulée par ta coéquipière au Mondial junior, Kristen Streifel, qui veut savoir : si un metteur en scène de Hollywood tournait un film basé sur les aventures de ton équipe cette saison, quels comédiens interprétaient les rôles de toi et de chacun de tes coéquipiers?
TT: Il a fallu de la réflexion, mais je pense que Morgan Freeman m’interprèterait.
JC: [rire] Un Afro-Américain âgé de 79 ans?
TT: Je veux qu’il soit le narrateur de ma vie. [rire] Puis le rôle de Sterling serait interprété par Kevin Hart parce que Sterling est petit de taille et il a un bon sens de l’humour. Jordan serait interprété par Brad Pitt puisqu’il faut trouver une copine pour ce gars, et si Brad Pitt jouait ce rôle, ce serait un beau coup de pouce. [rire] Et pour le rôle de Nick Meister, ça doit être The Rock, puisque Nick est vraiment musclé.
JC: Comme The Rock?
TT: Ben, non. Mais il a de grandes ambitions. [rire]
JC: Parfait. Merci infiniment Tyler, et peux-tu me donner une question pour la prochaine entrevue?
TT: Quel est la chose la plus étrange que tu aies mangée?
JC: Super, bien joué. Bonne chance et bon courage au championnat des moins de 18 ans, et pour la saison à venir, sauf lorsque tu es mon adversaire!
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