Un athlète, sur la glace et hors glace
Il y a un couple de caractéristiques qui mettent Ashley Quick dans une classe à part parmi les joueuses de curling au Canada.
Motivation’s Kitchen, pour partager certaines des recettes qu’elle avait utilisées durant le processus de préparation à la compétition. «Il y a des moments où le sel est interdit, les épices sont interdites, il faut boire de l’eau distillée, les glucides sont complètement écartés, et les différents types de gras doivent être minutieusement contrôlés. C’est l’alimentation saine, mais à un tout autre niveau. Et ça coûte cher! Il y a des journées où il faut manger 10 tasses de légumes et 24 onces de steak. On fait le tour de Costco et on en sort avec un chariot plein de provisions tout en sachant que ça va suffire pour trois jours, maximum.»
Tout au long de ce processus, elle ne lâchait pas le curling; elle a atteint les éliminatoires du nord de la province avec son équipe de Saskatoon, et elle a participé aux Essais canadiens de doubles mixtes à Ottawa avec Armstrong. Ils ne se sont pas qualifiés aux rondes éliminatoires de cette année, mais en 2013 à Leduc, Alta., ils ont atteint les quarts de finale, et en 2014 à Ottawa, ils ont été éliminés en demi-finale.
«J’apportais toute ma nourriture avec moi quand nous participions aux tournois,» a rappelé Quick. «Et je réservais toujours une chambre d’hôtel avec frigo. Et les autres joueuses ont été très sympas; elles m’ont vraiment appuyée pendant ce temps-là.»
Rien de surprenant, son entraînement en gymnase a rapporté sur la glace.
«La précision de mes coups s’est améliorée – je crois que c’est parce que j’ai un meilleur équilibre musculaire maintenant. Je contrôlais mieux le mouvement de mon corps,» a-t-elle dit. «Et avec le balai, j’étais 10 fois plus efficace, et je ne me sentais jamais essoufflée. Mon endurance était nettement meilleure.»
Mais elle se préoccupait avant tout de sa première compétition de fitness/bikini — Ultimate Fitness Events (UFE) Invasion, le 25 avril à Warman, Sask.
Les compétitrices sont triées en fonction de leur taille, et Quick, à cinq pieds neuf pouces, concourt en catégorie «Tall». Elle a décroché le premier rang dans les deux disciplines, fitness et bikini Tall, ainsi que le titre bikini, toutes catégories confondues — résultat d’autant plus remarquable que les critères d’évaluation des compétitions de fitness et bikini affichent des différences importantes; fitness valorise la musculature, mais les deux catégories préfèrent la symétrie du corps – des épaules relativement larges, une taille étroite et des jambes puissantes.
«C’était un coup de chance – j’ai un physique qui s’adapte bien aux deux catégories,» a-t-elle dit. «Mais c’était une grande surprise, cette double victoire. Je m’étais consacrée à cent pour cent à la préparation de ces deux compétitions. Je me suis dit que c’était tout ou rien. Et quand j’ai gagné cette première compétition, j’avais les larmes aux yeux; j’étais bouche bée.»
Deux semaines plus tard, à Moose Jaw, elle a remporté encore la victoire en catégorie Bikini Tall au championnat provincial novice de la Saskatchewan Amateur Body Building Association (SABBA), puis le 23 mai à Saskatoon, elle a bouclé la boucle sur sa première saison par un autre triomphe en catégorie Bikini Tall au championnat provincial SABBA. Ses résultats de cette première saison l’ont qualifiée au championnat canadien ainsi que le championnat mondial UFE cet automne à Toronto. Une victoire à l’une ou l’autre de ces compétitions ouvrirait la voie à toutes sortes de débouchés, incluant des reportages photos dans les magazines, ainsi que les commandites.
Ces jours-ci, elle n’est certainement pas la seule dans le sport à s’adonner sérieusement au conditionnement physique — Équipe Brad Jacobs s’est fait un nom comme fanas de la musculation, et les champions canadiens de doubles mixtes 2015, Kalynn Park et Charley Thomas, se consacrent à une routine de conditionnement hors glace. Chose curieuse, Quick dit que ses antécédents dans le curling lui ont donné une longueur d’avance dans ses compétitions de fitness/bikini.
«Pour bien jouer au curling, il FAUT être en forme,» a-t-elle dit. «Les joueuses (d’élite) ont beaucoup de muscle, et en ce qui me concerne, quand j’ai réduit mon taux de graisse corporelle, la majorité de mon tissu musculaire dans les jambes, les fessiers et les biceps et triceps — ça vient du curling. Un des points qui fait l’objet des évaluations dans les compétitions de fitness est la maturité des muscles, et je crois que j’avais un grand avantage sur les autres du simple fait que je joue au curling depuis si longtemps. Et au revers de la médaille, mes activités de musculation m’ont rendue plus efficace sur la piste de curling. Plus on est en bonne forme physique, plus grand l’avantage sur la glace.»
La saison de compétition ayant pris fin pour le culturisme comme pour le curling, elle continue à s’entraîner au gymnase, elle mange comme elle veut, et oui, elle va suivre de près le déroulement des réunions du CIO à Lausanne.
«Qui ne rêve pas de devenir Olympien? Il y a peu d’objectifs plus nobles que de participer aux Jeux Olympiques, et nous espérons que la discipline de doubles mixtes fera partie du programme; c’est notre plus grand rêve» a-t-elle affirmé. «Mike et moi nous passionnons pour les doubles mixtes; c’est un sport unique en son genre, et si j’avais à choisir, je jouerais qu’aux doubles mixtes pour le reste de ma vie.»
En premier, étant donné que le conditionnement physique occupe une place de plus en plus importante dans la routine des compétiteurs et compétitrices d’élite, Quick, 25 ans, coordonnatrice de marketing chez Ens Auto à Saskatoon, s’est surpassée dans ce domaine, en tant que compétitrice aux championnats de fitness/bikini. Plus tôt cette année, elle a remporté la victoire aux trois premières compétitions auxquelles elle a concouru.
Deuxièmement, vu que le Comité International Olympique semble être sur le point d’ajouter le curling en doubles mixtes au programme olympique – il y a des réunions fixées à ce titre les 7 et 8 juin à Lausanne, Suisse, et la Fédération mondiale de curling y sera pour présenter ses arguments — Quick, qui avec son partenaire Mike Armstrong, de Regina, a concouru à tous les trois Essais canadiens de curling en doubles mixtes, dit que la saison de curling 2015-16 va marquer un changement d’orientation fondamentale dans sa carrière compétitive, puisqu’elle va se concentrer presque exclusivement sur la discipline de doubles mixtes plutôt que l’alignement traditionnel à quatre joueurs et joueuses.
Il suffit de dire que Quick se distingue comme joueuse de curling canadienne – et il y a là une certaine ironie, vu que sa maman l’avait persuadée d’essayer le curling en lui promettant des régals de fast-food.
«Mes parents pratiquaient le curling assez sérieusement, donc j’étais souvent dans l’aréna, mais pendant trois longues années, jusqu’à l’âge de 11 ans, je le détestais,» a rappelé Quick dans un rire. «Ma mère me promettait des goûters si je venais à l’aréna : ‘Viens avec nous, et nous nous arrêtons pour des frites en rentrant.’ Très ironique, non? Mais c’est comme ça que j’ai fait mes débuts. Et je suis une personnalité compétitive, donc quand on atteint un certain niveau et on commence à gagner des parties, on devient accro.»
Quick (née Ashley Gregoire) a suivi un chemin de développement qui l’a vue remporter le titre provincial féminin junior, lançant les pierres de deuxième pour Stephanie Schmidt (née Stephanie McVicar) en 2008. Au championnat national junior à Sault Ste. Marie, Ontario, cette équipe a été vaincue dans la finale par le quatuor manitobain de Kaitlyn Lawes.
Depuis lors, Quick continue à concourir; elle a contesté plusieurs tournois Scotties au niveau provincial, et en 2013 elle a remporté le titre provincial de doubles mixtes avec Armstrong.
À la différence de sa carrière de curling, son entrée dans l’univers des compétitions de fitness/bikini – ainsi que son succès, a été tout a fait spontanée.
Il faut préciser que Quick a fait de l’exercice tout au long de sa vie, et elle a toujours essayé de manger sain, donc elle n’avait certainement pas besoin de se mettre en forme, refaire son corps. Cependant l’an dernier, en automne, elle est arrivée à un tournant.
Premièrement, son époux Matt est un habitué du gymnase; il y va au moins quatre fois par semaine (À l’époque, Quick se consacrait presque entièrement à un entraînement cardio).
«Il allait au gymnase et je restais chez nous à regarder Netflix,» a dit Quick. «Donc une des grandes raisons pourquoi j’ai commencé à fréquenter le gymnase était de passer plus de temps avec lui. Je me suis dit ‘Pourquoi au juste je ne vais pas aussi? Ça ne fait pas de sens.’ »
Quand elle a commencé à fréquenter le gymnase, elle a remarqué que bon nombre de femmes ne s’y entraînaient pas tout simplement pour rester en forme; elles s’entraînaient en vue de concourir; elles faisaient la musculation pour mouler le corps, atteindre un niveau de conditionnement qui leur permettrait de se mesurer contre les vrais modèles de fitness, et se soumettre à l’évaluation des juges.
«J’ai vu les autres femmes au gymnase qui se préparaient à ces compétitions, et je me suis dit, ‘Bon, si elles le font, qu’est-ce qui m’arrête?’» a dit Quick. «Je n’arrivais pas à m’envisager comme compétitrice, mais je pensais que ce serait un vrai défi. Et j’aime me mettre au défi. J’ai vu les autres femmes et j’ai pensé ‘je saurais probablement les vaincre en compétition.’»
Au mois de novembre dernier, Quick a amorcé un programme d’entraînement qui exigeait rien moins de six jours par semaine au gymnase, pour un minimum de 90 minutes par séance, et aussi un régime très strict, élément incontournable pour réduire le taux de graisse corporelle à un niveau acceptable pour être compétitive.
«À l’époque, j’ignorais complètement le défi qui m’attendait; c’était un énorme engagement,» a observé Quick, qui ne tarit pas d’éloges pour ses entraîneurs Sarah Maduck et Orlando Hamm, d’Agile Athletics à Saskatoon. «Quand on commence un programme comme ça, on espère atteindre certains objectifs; on espère être belle et on espère gagner aux compétitions. Mais c’est une attitude tellement naïve : après s’être débarrassée des couches de graisse, on n’a aucune idée du vrai corps qui existe sous tout cela. Quand j’ai entamé le programme, je me croyais déjà en assez bonne forme. Puis j’ai commencé à aller au gymnase six fois par semaine.»
La routine au gymnase était difficile à supporter, mais Quick devait également suivre un régime rigoureux, et cela a changé fondamentalement son quotidien.
«J’avais toujours mangé assez sain, et j’aimais préparer des mets santé. Mais quand on se prépare à une compétition, le régime devient très limité, très précis et très exigeant,» a remarqué Quick, qui a un blogue,