L’été sur la glace!

Twenty-five ice techs across Canada are one step closer to becoming certified competition ice technicians after finishing a five-day course in Waterloo, Ont. (Photo supplied)

Un cours sur la préparation de glace en août ouvre de nouvelles portes pour les techniciens de glace au Canada

Il y a de l’électricité dans l’air. La tension est à couper avec un couteau. Tous les yeux sont tournés vers les meilleurs joueurs de curling au monde alors qu’ils se préparent à glisser sur la glace avant la rencontre pour la médaille d’or.

On ne voit pourtant pas tout le travail accompli en coulisses pour préparer une glace parfaite avant une finale de championnat, un processus qui ne représente que la partie émergée d’un iceberg de connaissance accumulée durant des années de pratique, d’essais et de répétitions.

Don Powell a proposé ce scénario de la finale pour la médaille d’or à 25 techniciens de glace, par une chaude journée du mois d’août, au Albert McCormick Community Centre, à Waterloo, en Ontario. Chaque équipe de techniciens de glace disposait de 30 minutes pour préparer une piste glacée en vue d’une rencontre de championnat, et offrir aux joueurs les conditions de glace qu’ils s’attendent à retrouver pour la rencontre la plus importante de leur carrière. Cette évaluation complète une formation de cinq jours dans la préparation des glaces; elle est la prochaine étape pour que ces techniciens obtiennent la certification de Techniciens de glace pour la compétition.

«Ce programme est conçu pour aider les techniciens de glace à apprendre ces habilités importantes. Ça les amène à préparer la glace pour des compétitions majeures. Nous reproduisons l’expérience de préparer et d’entretenir la glace pour une compétition d’importance comme le Scotties, le Brier ou des championnats canadiens seniors ou juniors», explique Powell, instructeur principal du cours et gestionnaire de la certification des techniciens de glace de Curling Canada.

Les étudiants à Waterloo cumulent déjà plusieurs années d’expérience dans la préparation et l’entretien de la glace dans des clubs de curling, mais l’installation d’une glace dans un aréna est différente. Les occasions sont rares, ce qui explique que Curling Canada offre ces cours sur une base régulière depuis près de 30 ans. Puisque peu de compétitions nationales ou internationales sont organisées à chaque année, les occasions d’apprendre à préparer la glace dans un aréna sont limitées. Les techniciens de glace peuvent faire du bénévolat dans ces compétitions, mais ont rarement la chance de peindre les cercles ou d’installer des logos.

Pour l’animatrice adjointe Rebecca Duck, ces occasions de pratiquer sont importantes.

«Plusieurs clubs ont des cercles de vinyle, de sorte que les techniciens de glace peuvent oublier comment les peindre. D’autres ont des planchers en ciment, qui n’ont pas besoin d’être peints en blanc, et n’ont jamais utilisé de perche. Dans plusieurs clubs, ils ne peuvent pas utiliser l’équipement de ce cours», note Duck, qui dirige le cours avec Powell et deux assistants, Tom Leonard et Neil Gargul.

Les techniciens de glace sont venus de partout au pays – la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse – pour décrocher leur certification, qui leur permettra d’agir comme techniciens de glace dans d’autres compétitions, dont les championnats provinciaux et territoriaux. Le but du programme est simple : enseigner aux techniciens de glace à installer et à entretenir une glace de compétition de haute qualité et régulière, ce qui entraîne des joueurs réguliers et de haute qualité.

Darren Moulding n’est pas étranger aux finales stressantes pour la médaille d’or. Champion canadien masculin en 2021, il a participé à quatre finales pour la médaille d’or au Brier Montana’s. Technicien de glace cumulant 28 années d’expérience, il sait comment créer les conditions de glace nécessaires pour ces rencontres importantes. Moulding faisait partie des 25 techniciens de glace en quête d’une certification à Waterloo. Ce sera la prochaine étape de sa carrière de technicien de glace depuis sa retraite du curling de compétition.

«J’ai toujours pris la préparation de glace très au sérieux. J’ai toujours dit que je suis meilleur comme technicien de glace que comme joueur», affirmait Moulding.

Il va également commencer à donner des cours de technicien de glace en Alberta. Même après des décennies d’expérience dans la préparation des glaces, Moulding a quitté cette clinique en ayant acquis de nouvelles connaissances sur la préparation de glace dans un aréna pour une compétition. Un travail qui passe souvent inaperçu, mais essentiel au succès d’une compétition.

«La peinture, la mise à l’équerre, l’installation du tapis, les bouts et plusieurs aménagements. J’ai connu ça en tant que joueur quand tout le travail est terminé et qu’on commence à jouer – quand la gratte est sur la glace – mais j’ai appris plusieurs trucs sur l’aménagement, les bâtiments et d’autres», explique Moulding, qui s’occupe aussi de la glace dans trois clubs en Alberta : Red Deer, Bentley et Rimbey.

Chaque technicien de glace est reparti avec de nouveaux outils dans son répertoire, de l’apprentissage de nouvelles techniques pour améliorer la vitesse et la courbure en fonction des conditions environnementales, jusqu’à l’influence des spectateurs, des équipes de télévision et de la météo sur les conditions de glace. Bien que le cours soit orienté davantage vers la glace d’aréna, Sarah Willits a néanmoins acquis plusieurs connaissances applicables à son club de curling Richmond, au sud d’Ottawa.

«Certains aspects s’appliquent à la glace de compétition, ce que nous ne faisons pas dans notre petit club de curling. Mais la glace reste la même, tout comme les tracés de grattage, la gestion des hausses et des baisses de température et la taille des pitons. Ça ne chance pas, qu’on soit dans un aréna ou dans un club de curling», note Willits, une technicienne de glace avec 10 années d’expérience.

Willits a déjà fait du bénévolat dans une compétition nationale, mais ne savait pas comment préparer de la glace de compétition du début à la fin. Ce cours l’a rendue plus confiante dans la préparation de glace, un travail qu’elle a hâte de perfectionner, cette saison. Le processus de préparation de la glace relève à la fois de la science, de l’art et de l’expérience.

«C’était génial d’apprendre tout ça en cinq jours, mais il faut beaucoup de pratique et de répétition pour devenir un pro», ajoute-t-elle.

Ce cours a aussi permis aux techniciens de glace de partager des idées, et d’échanger sur leurs succès et leurs échecs dans leur club respectif. Les participants font partie d’une communauté plus grande de gens prêts à s’entraider pour offrir les meilleures conditions de glace possibles pour les joueurs récréatifs ou les compétiteurs.

«C’est une communauté géniale de gens provenant de milieux différents, avec de grandes différences d’âge et d’expérience, expliquait Willits. Tous veulent travailler ensemble pour s’améliorer.»

Willits était une des trois étudiantes inscrites dans ce cours, pour lequel Duke était l’une des assistantes. Elles font partie d’un groupe restreint de femmes impliquées dans la préparation de glaces, et sont fières de leur implication dans ce milieu.

«Je crois fermement que si tu peux faire le travail, alors tu peux faire le travail. Nous savons que n’importe qui peut faire ce travail. Alors, c’est bien de voir davantage de femmes qui s’y impliquent, et que d’autres filles l’apprennent. Elles nous démontrent qu’elles peuvent faire ce travail, et bien le faire», note Duck, qui a œuvré comme technicienne de glace assistante au Tournoi des Cœurs Scotties, et qui montre la voie pour les autres femmes qui veulent s’impliquer.

Willits a commencé à s’intéresser à la préparation des glaces en tant que bénévole dans son club, ouvrant de nouvelles avenues pour elle.

«C’est certainement un milieu dominé par les hommes. Mais les femmes qui veulent en faire partie peuvent certainement le faire, et seront accueillies à bras ouverts, assure Willits. Tout le monde a besoin d’aide dans le club; ça prend des employés et des bénévoles pour les aider. C’est comme ça que j’ai appris. J’ai commencé avec les pitons, et j’ai acquis des connaissances au fur et à mesure.»

Tous ont profité de ce cours à leur façon, qu’il s’agisse de femmes fières de leur appartenance et de leur visibilité dans la communauté des techniciens de glace, ou d’un joueur de calibre international qui veut atteindre le même niveau en tant que technicien de glace. Ils n’étaient pas les seuls. La glace du groupe est maintenant utilisée par le Trillium Curling Camp, un camp d’été de qualité pour les jeunes en Ontario.

«Je pense que ça me plaît davantage que de jouer, avouait Moulding en parlant du processus de fabrication de la glace. C’est beaucoup de travail, mais je trouve ça parfois plus amusant de travailler sur la glace au lieu de profiter d’une journée de repos. Je suis plutôt chanceux de gagner ma vie en faisant ça.»

Curling Canada