Balado «Le curling pour le changement» : Al Hackner

Al admet que, au début, il se considérait uniquement comme «un joueur de curling». Ce n’est que plus tard, en prenant de l’âge, qu’il a réalisé l’impact de son rôle en tant que personne autochtone renommée au curling, et l’importance d’être également un «joueur autochtone».(Photo, Curling Canada/Clifton Saulnier)

Le balado «Le curling pour le changement» et Al Hackner parlent de la réalité du curling pour les peuples autochtones

Par Jillian Kent

En prévision de la saison de curling, Curling Canada a diffusé le balado «Le curling pour le changement», présenté par Wil Robertson, gagnant du Prix Tout Cœur Fran Todd 2022, et commandité par la Fédération mondiale de curling.

Dans chaque épisode, des membres reconnus de la communauté du curling viennent discuter ouvertement d’enjeux de diversité, d’égalité et d’inclusion qui leur sont personnels. Malgré des questions préparées d’avance et des thèmes pour orienter la discussion, Wil a affirmé clairement dès le début qu’il voulait que chaque invité se sente à l’aide de partager son histoire.

Al est un double champion du Brier, en plus d’avoir gagné au niveau senior et maître. Durant une carrière en compétition de plus de 40 années, Al a mérité le respect de la communauté du curling, et au-delà. Invité à participer au balado «Le curling pour le changement», il a dû renoncer à cause de conflits d’horaire. (Photo, Canadian Press)

«Je veux d’abord dire que je suis vraiment reconnaissant envers tous ceux qui ont participé. Ça leur a pris beaucoup de confiance et un acte de foi pour être aussi ouverts et vulnérables qu’ils l’ont été», a déclaré Wil. Il a aussi souligné qu’on ne voit pas ça souvent dans le monde du sport, ce qui a peut-être contribué à l’impact global des discussions.

À l’origine du projet, on suggérait d’aborder 16 thèmes, pour finalement en retenir seulement quelques-uns qui ont composé la série actuelle de balados, qui sont maintenant tous disponibles sur Curling Canada+.

Dans l’épisode le plus récent, Wil a rencontré Kerri Einarson (Métis) et Kerry Galusha (Gwich’in) pour discuter de leurs expériences en tant que joueuses autochtones, et des façons dont le curling au Canada devrait évoluer pour faire plus de place aux peuples autochtones. Wil voulait aborder cette question dès le départ, parce que les communautés autochtones sont sous-représentées au curling, comme dans tous les sports au Canada.

Al Hackner (Ojibwa) agit depuis longtemps comme meneur dans la communauté du curling. Intronisé au Temple de la renommée du curling canadien, à la fois en tant que joueur et que membre d’une équipe, Al est un double champion du Brier, en plus d’avoir gagné au niveau senior et maître. Durant une carrière en compétition de plus de 40 années, Al a mérité le respect de la communauté du curling, et au-delà. Invité à participer au balado «Le curling pour le changement», il a dû renoncer à cause de conflits d’horaire.

Al admet que, au début, il se considérait uniquement comme «un joueur de curling». Ce n’est que plus tard, en prenant de l’âge, qu’il a réalisé l’impact de son rôle en tant que personne autochtone renommée au curling, et l’importance d’être également un «joueur autochtone».

«J’étais très fier», raconte Al en parlant de l’influence de son parcours au curling sur les communautés autochtones. «C’était comme lorsque les Canadiens ont vu gagner Mile Weir (au Masters en 2003) : ce sentiment que l’un d’entre nous avait connu du succès.»

La représentation est importante pour les peuples autochtones; la réussite de Hackner leur prouve qu’ils peuvent connaître du succès dans un domaine où ils sont accueillis, et qu’ils peuvent aussi y trouver leur place et connaître du succès à leur tour. Si tu ne trouves pas ta place, tu assumes automatiquement que tu n’y seras pas accueilli.

Fier de son parcours sur la scène publique, et de la fierté qu’il a engendrée dans certaines communautés autochtones, Al est vraiment passionné par le Bonspiel autochtone mixte du Nord de l’Ontario, dans lequel il est impliqué, en tant que joueur ou organisateur, depuis 20 ans. Après des débuts modestes, ce bonspiel a connu beaucoup de succès et de progrès au fil des années.

Dans l’épisode le plus récent, Wil a rencontré Kerri Einarson (Métis) et Kerry Galusha (Gwich’in) pour discuter de leurs expériences en tant que joueuses autochtones, et des façons dont le curling au Canada devrait évoluer pour faire plus de place aux peuples autochtones.

D’une durée de trois jours, le Bonspiel autochtone mixte du Nord de l’Ontario est ouvert à tous, peu importe leur niveau d’habileté, et rassemble des participants provenant de petites communautés, souvent isolées, du Nord de l’Ontario pour trois journées de plaisir et de rapprochements. Comme Al le souligne, aborder la compétition dans un sport auquel on n’a jamais joué auparavant peut être extrêmement difficile. Pour faciliter cette transition, le bonspiel regroupe des débutants comme des joueurs ou joueuses qui ont déjà participé à des compétitions, et propose des cliniques avant de donner de l’instruction et des conseils à tous ceux qui en ont besoin. Au fil des ans, ils ont ajusté les séances, afin de minimiser la dynamique compétitive traditionnelle pour la remplacer par un sentiment de communauté et de soutien.

Le Bonspiel autochtone mixte du Nord de l’Ontario a connu davantage de succès quand les organisateurs ont créé un format dans lequel chaque équipe joue encore lors de la dernière journée, en s’assurant que tous reçoivent un prix, ce qu’on ne voit pas souvent, même dans le curling récréatif.

En éliminant la notion de classement, qui fait ressortir les deux ou trois meilleures équipes des autres, les organisateurs ont recueilli des commentaires positifs de tous les participants. Plusieurs de ceux qui ont l’expérience de la compétition se sont dit excités de jouer pour la dernière journée de la compétition, ce qu’ils n’avaient jamais pu faire auparavant. Peu importe son classement, chacun est fier d’avoir remporté un prix; ils terminent la journée en se sentant fiers d’avoir connu du succès, tout en passant un bon moment, plutôt qu’être découragés de ne pas avoir été «les meilleurs».

Al attribue le succès et la croissance du bonspiel au fil des années à ce sentiment de joie et de fierté. Les participants retournent à la maison en racontant à leurs amis et aux membres de leur famille à quel point ils se sont amusés, en entraînant ainsi d’autres pour la prochaine année, mais ils créent aussi des liens durables avec leurs amis d’autres communautés qu’ils n’auraient peut-être pas connus autrement. Al souligne que presque tous les membres de la petite communauté d’Armstrong ont participé au bonspiel au fil des années.

Heureux de parler de l’implication des autochtones au curling, Al insiste toutefois pour préciser qu’il faut encore en parler, et poser des gestes concrets.

«Plusieurs se sentent exclus ou mal accueillis; nous devons répéter ce type d’actions, continuer à en parler pour leur montrer qu’ils ont tort», ajoute Al.

Ce sentiment se retrouve également au cœur du balado «Le curling pour le changement». Dans le cadre de la discussion, chaque invité propose de petits gestes simples que chaque auditeur peut poser. Les discussions et la sensibilisation sont nécessaires, certes, mais les actions permettent d’avancer. Il suffit de s’impliquer pour faire progresser les choses. Wil a pensé à créer ce balado en prenant sa douche. S’il peut y arriver, tout le monde peut le faire également.

Tous les balados, dont le plus récent avec Kerri Einarson et Kerry Galusha, sont disponibles sur Curling Canada +, YouTube et sur toutes les applications de baladodiffusion.

Curling Canada