Encourager les jeunes à revenir au curling
L’Initiative de financement communautaire cible les conséquences de la pandémie en créant des programmes conçus pour ramener les jeunes au curling
Par Jillian Kent
Alors que nous attendons toujours de découvrir les conséquences à long terme de la COVID-19, notamment la quarantaine prolongée qui a engendré de l’isolation sociale, une des conséquences immédiates et évidentes a été d’isoler les personnes de tous les âges, surtout les jeunes.
«À une période de leur vie durant laquelle ils sont très actifs sur le plan social, les jeunes ont été très affectés par l’obligation de rester à la maison, sans voir leurs amis, ou sans pouvoir participer à des activités et se faire de nouveaux amis», explique Helen Radford, gestionnaire du développement de la jeunesse et NextGen de Curling Canada, et personne-clé de la mise en place de l’Initiative de financement communautaire.
L’Initiative de financement communautaire, un programme non récurrent, a été mise en place pour relancer le curling après la pandémie, en ciblant l’implication des jeunes. Le volet social et la création de communautés constituent des aspects fondamentaux du curling, le rendant idéal pour permettre aux jeunes de s’épanouir en encourageant les contacts sociaux.
En fournissant du financement aux clubs – qui en ont arraché dans bien des cas durant la pandémie – cette initiative pourrait idéalement aplanir les obstacles à ce niveau-là.
Le programme se définit en trois volets, ciblant les programmes scolaires, les jeunes racialisés et les ligues jeunesse. Après avoir entendu parler du programme sur Facebook, Jessica Humphries, de Bobcaygeon, en Ontario, a approché les clubs de curling de Bobcaygeon et de Fenelon Falls pour créer un programme après l’école.
«En tant que joueuse de compétition, explique Humphries, je me trouve très chanceuse d’avoir eu autant de chances grâce au curling. Je suis convaincue que c’est important de redonner au sport; une de mes façons préférées d’y arriver est de faire découvrir le curling aux jeunes.»
Quand on lui demande pourquoi elle a choisi un programme après l’école, Humphries – qui a compétitionné deux fois au niveau national chez les juniors et a remporté une médaille d’argent en 2019 – souligne les nombreuses activités déjà offertes aux jeunes. Malheureusement, le curling est un peu mis de côté.
«C’est pour cette raison que je trouvais ça important d’offrir un programme immédiatement après l’école, avant le début de toutes les autres activités parascolaires. Davantage de jeunes ont pu y accéder, puisque plusieurs pouvaient se rendre au club de curling à pied (dans les deux cas) après l’école, sans devoir sacrifier leurs autres activités en soirée.»
Même si Humphries n’habite plus dans la région de Bobcaygeon, les deux clubs se sont déjà engagés à poursuivre le programme grâce à des bénévoles; elle s’attend à ce que plusieurs y retournent.
Alors que Humphries s’est concentrée sur les programmes scolaires, le Ontario Curling Council a plutôt choisi de consacrer son financement aux jeunes racialisés. En plus de permettre à trois jeunes racialisés de participer à des camps d’été de curling (Amethyst Curling Champ au nord et Trillium Curling Camp au sud), le Council a aussi offert des services de coaching, du matériel et du support en compétition à une équipe de curling double mixte PANDC.
Le gestionnaire du développement de la haute performance, Sean Turriff, explique la décision de soutenir les jeunes racialisés : «Nous voulions proposer des opportunités aux jeunes et, en même temps, combler le besoin d’avoir plus de diversité dans notre sport.»
«Nous voulions offrir aux jeunes racialisés l’occasion de s’impliquer au curling. Nous voulions nous adresser aux jeunes pour qu’ils en retirent une expérience positive, en leur donnant la chance de travailler avec des entraîneurs auxquels ils n’auraient pas eu accès autrement. Je pense que nous avons atteint ces objectifs», estime Turriff.
De son côté, CurlManitoba a investi dans les trois volets du programme. Toutefois, son utilisation du financement pour les ligues jeunesse s’est surtout démarquée. CurlManitoba a créé un programme jeunesse interclubs, auquel cinq clubs ont adhéré au début : The Assiniboine Memorial Curling Club, Elmwood Curling Club, Fort Garry Curling Club, Pembina Curling Club et La Salle Curling Club. La saison dernière, le programme a pris de l’expansion pour englober quatre régions sportives différentes et 20 clubs en tout.
«En grandissant au curling, certains de mes plus beaux souvenirs me ramènent à ma participation à des bonspiels jeunesse dans les régions rurales du Manitoba, explique Rob Gordon, assistant évènements/développement pour CurlManitoba. C’est de là que vient l’inspiration pour le programme interclubs.»
«Après la pandémie, nous avons constaté que plusieurs jeunes joueurs et joueuses, surtout ceux de 11 à 15 ans, n’avaient pas participé à un bonspiel, ou à n’importe quel évènement, qui leur aurait permis de jouer dans des clubs différents contre des adversaires différents. Le programme interclubs permet à ces jeunes de découvrir la camaraderie et l’amitié avec des jeunes de leur âge, ce qui est un des aspects essentiels de la pratique du curling», explique Gordon.
Comme le démontrent ces exemples, l’Initiative visait à rejoindre des jeunes de tous les mieux, de la campagne à la ville, de U-12 à U-18, pour leur permettre de s’amuser dans un environnement accueillant. Pour être approuvés, tous les projets de nouveaux programmes devaient s’étendre sur une période de deux ans, avec des activités sur la glace pendant plusieurs semaines, en partenariat avec les communautés locales et avec le soutien de leur Association provinciale ou territoriale. Le leadership et le soutien de la communauté étaient des considérations essentielles dans la décision finale, puisque le comité savait que l’implication de plusieurs partenaires est nécessaire pour en assurer la continuité.
En bout de ligne, Curling Canada a distribué 217 000 $ plutôt que les 200 000 $ prévus initialement. À cause de la nature imprévisible de la COVID, certains programmes ont dû être échelonnés sur trois ans plutôt que deux. Dans les circonstances, l’initiative a travaillé avec chaque club pour ajuster le financement à leurs besoins particuliers.
Globalement, les réactions et l’impact de ces programmes ont été exceptionnels. Bien qu’il s’agissait d’un programme non récurrent, et que personne ne souhaite une autre pandémie, Radford souligne son intention de créer un groupe de travail pour permettre aux organisateurs de partager les ressources, si jamais une autre situation du genre nécessite un programme de financement à grande échelle.
«Plusieurs grandes initiatives ont déjà été créées, et des réalisations qui nous ont permis d’apprendre l’un de l’autre. Ce sera génial que tous puissent découvrir les façons dont les défis ont été relevés durant tout ce processus», croit Radford.