Des vagues à la glace!
Un étudiant espagnol découvre le curling grâce à un nouveau programme jeunesse financé par Curling Canada
Dans le nord de l’Espagne, Felix Encinas maîtrise le vent et les vagues.
À 15 ans, il est champion régional de voile dans sa catégorie d’âge, et a maîtrisé la stratégie de course avec son voilier pour avoir le meilleur sur la quarantaine d’autres embarcations en compétition. Il navigue les vents changeants qui remplissent les voiles de son bateau, et maîtrise les creux et les vallées des vagues qui viennent s’écraser contre la proue de son navire.
Sur l’eau, Encinas se sent confortable et en contrôle. Par une journée froide de février au Club de curling de Niagara Falls, avec un glisseur en teflon sous son pied gauche, Encinas n’a toutefois plus la même assurance. En mettant le pied sur une glace de curling pour la première fois, il découvre une nouvelle sensation en sentant son pied glisser sans effort sur la surface bosselée.
«C’était étrange. Je n’ai jamais senti ça auparavant, raconte Encinas en parlant de sa première expérience au curling. J’ai aimé. J’aurais voulu commencer plus tôt.»
Encinas est arrivé à Niagara Falls, en Ontario, un mois auparavant, dans le cadre d’un programme d’échange pour perfectionner son anglais et vivre de nouvelles expériences. Bien qu’il connaissait vaguement le curling, ce sport n’était pas en tête de ses priorités en arrivant au Canada.
Cependant, Felix a décidé de s’y intéresser quand un des enseignants de l’école secondaire locale a informé les étudiants que des séances Apprendre à jouer au curling allaient être organisées au Club de curling de Niagara Falls. Il a commencé par suivre une séance d’Apprendre à jouer au curling, puis a rapidement décidé de s’inscrire dans la ligue junior.
«Je ne connaissais rien au curling. En février, il y avait une annonce pour apprendre à jouer au curling. Je suis allé à la bibliothèque pour connaître le lieu et l’endroit. J’ai essayé ça, puis je suis retourné deux semaines plus tard. Depuis, je viens à chaque fin de semaine» explique Encinas.
Stephen Fish, membre du conseil d’administration du club de curling et instructeur pour les débutants, a remarqué qu’Encinas revenait au club à chaque fin de semaine pour acquérir de l’expérience sur la glace. Quelques semaines plus tard, Encinas était devenu un naturel sur la glace.
Le programme junior dans lequel évolue Encinas est soutenu pour une bourse de financement communautaire, rendue possible grâce au généreux soutien de la communauté du curling pour le programme philanthropique Pour l’amour du curling, de Curling Canada. Le financement visait trois objectifs précis : les ligues intercités/interclubs, le recrutement de jeunes PANDC et les programmes scolaires.
Grâce à ce financement, Encinas a pu joindre la ligue, et a eu non seulement la chance d’apprendre le sport, mais aussi de rencontrer de nouvelles personnes et de faire de nouveaux amis. Un de ses volets favoris du programme est la rotation à l’intérieur de son équipe, pour lui permettre de jouer à toutes les positions.
«Le but est de donner la chance aux jeunes de jouer dans une ligue, et de leur permettre de jouer avec d’autres curleurs, explique Fish. Parfois, ils changent de capitaine à chaque bout et ont l’occasion d’acquérir de nouvelles expériences dans une situation de jeu. Nous étions très excités que trois de ces étudiants du secondaire ne connaissaient rien au curling et voulaient apprendre.»
Avant de sauter sur la glace, Encinas ne connaissait pas le volet stratégique du sport, un atout naturel pour ce jeune qui aime se servir de son intelligence pour réussir, que ce soit sur l’eau, sur la glace ou à l’école, où ses matières préférées sont la technologie des transports, un cours de mécanique et la construction.
«J’adore ça. Surtout la stratégie et la pratique; beaucoup de pratique. Ce n’est pas comme la course à pied ou une activité uniquement physique. J’aime mieux la stratégie et la façon d’obtenir un résultat, ajoute-t-il. Je ne savais rien de tout cela. Ce qui m’a probablement surpris le plus, c’est qu’il ne suffit pas de savoir comment lancer la pierre, mais aussi gérer les pierres de façon stratégique.»
Ces expériences positives ont incité Encinas à revenir au curling deux fois par semaine, les samedis et les dimanches. Sa famille d’accueil pouvait parfois le conduire jusqu’au club, mais Encinas a aussi dû utiliser les transports publics à l’occasion, un trajet de 45 minutes rien que pour jouer au curling.
Pour Fish, son dévouement est incroyable de la part d’un jeune qui ne connaissait pratiquement rien au curling, il y a seulement un an.
«C’est génial que notre appui au curling communautaire ait atteint les objectifs que visait Curling Canada. Nous savons qu’il ne deviendra probablement pas un joueur à long terme au Canada, mais ça a permis de lui faire découvrir un sport auquel il n’aurait probablement pas pu jouer; ça en dit long sur son désir de venir apprendre, et sur les applications pratiques de ces bourses», note Fish.
Les clubs de curling ne sont pas nombreux en Espagne; le plus proche d’Encinas se trouve à 250 kilomètres. Sur la scène internationale, le pays a remporté une médaille de bronze au Championnat du monde de double mixte en 2014, et plus récemment, une médaille d’argent au Championnat du monde de double mixte 2018.
«Je pense que tout le monde en Espagne trouve ça un peu étrange parce qu’ils ne connaissent pas le curling», croit Encinas.
Bien qu’il semble peu probable qu’il puisse continuer à jouer au curling à cause de l’éloignement du club le plus proche, il se souviendra avec plaisir du temps qu’il a passé sur la glace, et des personnes qu’il a rencontrées grâce au sport. Si jamais l’occasion se présentait de jouer au curling dans l’avenir, Encinas la saisirait sans doute.
De retour à la maison en juillet, Encinas retournera sur le pont de son voilier, pour naviguer dans des paysages fabuleux sous un chaud soleil. Il lui restera toujours les souvenirs des jours passés à brosser une pierre sur une glace froide, en discutant de stratégie avec ses amis.
«L’amour du curling est basé sur les liens qu’on y crée. Très peu d’entre nous vont connaître beaucoup de succès dans ce sport, note Fish. Les liens qu’on crée sur la glace comme à l’extérieur sont plus importants. C’est vraiment bien qu’il ait pu avoir la chance de découvrir ça.»