Les leçons de la ville-bulle
À l’approche d’une nouvelle saison de curling, le Conseil des gouverneurs de Curling Canada et le personnel chargé des opérations reviennent sur les raisons du grand succès de la ville-bulle
Avec le retour anticipé d’une saison complète de curling, Curling Canada se prépare une fois de plus à organiser un programme complet de compétitions de la Saison des Champions et des championnats canadiens, comme celles auxquelles étaient habitués les amateurs de curling avant la pandémie. Ce qui s’annonce comme un retour à la normale apportera un changement de rythme apprécié après le stress et les ajustements qui ont été nécessaires pour organiser une saison 2020 dans la ville-bulle de Calgary.
Avec le recul, on ne prendra plus jamais une saison de curling pour acquise, mais la perspective d’un retour à la normale n’enlève rien au succès remarquable de la ville-bulle de Calgary. Les chiffres ne mentent pas : la ville-bulle de Curling Canada à Calgary a été la bulle athlétique la plus importante et la plus couronnée de succès au Canada.
Pendant plus de 90 jours de compétitions, cinq nouveaux champions canadiens ou champions du monde ont été couronnés, alors que 209 bénévoles ont consacré 10 870 heures de leur temps aux côtés des athlètes, du personnel et des responsables de la santé pour assurer le succès d’une bulle sécuritaire. Grâce à Tim Hortons, plus de 14 000 tasses de café ont été ingurgitées dans la bulle, en plus de 9 852 beignes, 4 476 muffins, 6 636 biscuits et 8 618 litres d’eau.
Toutefois, le succès de la bulle ne s’évalue pas uniquement en termes de statistiques, mais surtout en fonction de l’espoir généré par le retour du curling dans nos maisons durant la pandémie de la COVID-19.
La mise en place d’une ville-bulle à Calgary ne sera pas, non plus, juste une note de bas de page dans les annales de l’histoire; la ville-bulle restera gravée dans les esprits comme une des plus grandes réussites de tous les temps au curling. Face à des conditions inédites et une longue liste d’incertitudes, Curling Canada a réussi à organiser cinq évènements de calibre international, en plus de deux compétitions du Grand Slam qui ont profité des installations de la ville-bulle.
La ville-bulle n’aurait évidemment pas été possible sans le support et la vision du Conseil des gouverneurs de Curling Canada. Les risques associés avec la planification d’une bulle athlétique de grande envergure reposaient sur les épaules du Conseil des gouverneurs, un défi qu’ils n’ont pas hésité à relever, explique la présidente du conseil, Amy Nixon.
«Nos discussions au sujet de la bulle tournaient autour du risque et de la possibilité, expliquait Nixon. Comme le veut son rôle, le Conseil était préoccupé par les risques financiers et au niveau de la réputation, la sécurité et la santé de nos employés, des bénévoles, des joueurs et de leur équipe de soutien étant primordiales. Nous pensions que les amateurs seraient très intéressés dans le contexte de la pandémie à laquelle tout le monde était confronté.»
Le Conseil était aussi bien conscient de la nécessité de conjuguer les intérêts des amateurs avec ceux des athlètes, où il semblait essentiel d’atteindre le bon équilibre.
«Nous pensions que les amateurs seraient très intéressés par ces évènements, étant donné la réalité de la pandémie qui les touchait tous. Nous pensions aussi à l’échéancier de la qualification pour les Olympiques, et le besoin d’offrir aux équipes de haute performance une chance de jouer en 2021.»
Nixon était sensibilisée à l’ampleur herculéenne de ce projet; bien que le Conseil l’ait approuvé et ait assumé la majorité des risques entourant la mise en place de la ville-bulle, elle souligne les efforts du personnel de Curling Canada.
«Je suis certaine que les employés y ont été bien davantage confrontés sur une base quotidienne que le Conseil. Il y a certainement eu des moments de doute quand nous avons reçu des résultats de test qui devaient être davantage analysés et expliqués. Nous avons toujours été très conscients de la nécessité d’assurer la sécurité de toutes les personnes sur le terrain à Calgary.»
Nixon faisait partie elle-même des bénévoles indispensables au succès de la bulle, malgré le contexte bien différent d’un championnat habituel.
«J’ai agi comme statisticienne bénévole dans la ville-bulle pour plusieurs compétitions, explique-t-elle, notamment durant la finale du Scotties. Je me rappelle avoir ressenti la sensation étrange d’assister à une victoire si importante dans un édifice silencieux, mais aussi l’immense fierté de voir que notre équipe des opérations ait pu rendre cet instant possible pour les joueuses, sans impact majeur pour la santé.»
Au nom du Conseil des gouverneurs, Nixon remercie aussi plusieurs autres personnes qui ont contribué au succès de la bulle.
«Plusieurs personnes sur le terrain méritent toute notre reconnaissance : Danny Lamoureux, Kyle Jahns, Al Cameron, Nolan Thiessen, Danielle Inglis et les nombreux bénévoles qui ont contribué de leur temps et leur énergie dans un environnement difficile. Katherine Henderson a appuyé les idées et la planification de son équipe; en tant que directrice générale, il ne fait pas de doute pour moi qu’elle mérite des félicitations. Shannon Kleibrink, de Curling Alberta, a passé presque tous les mois de la bulle dans l’aréna, coordonnant les horaires des bénévoles avec ses nombreuses autres tâches. Plusieurs de mes collègues du conseil ont consacré beaucoup de temps dans la préparation du concept, et aux réunions nécessaires, en particulier deux anciens présidents du Conseil dont les mandats ont chevauché les étapes de la planification à l’aboutissement : John Shea et Mitch Minken.
La championne du Tournoi des Cœurs Scotties 2021, Val Sweeting, qui a séjourné dans la bulle pour plusieurs compétitions, se dit reconnaissante d’avoir la chance de jouer.
«C’était tellement important de jouer ici. Il a fallu un tas de gens, et un tas d’organisateurs, assure Sweeting. L’équipe de Curling Canada, Sportsnet, TSN, la Fédération mondiale de curling, et les athlètes. Tout le monde a dû s’impliquer, mais nous sommes très reconnaissantes, surtout que tout s’est bien déroulé. Il y a bien eu quelques accrochages ici et là, mais je pense que les organisateurs et les athlètes ont très bien géré ça. Sans oublier les techniciens de glace; certains d’entre eux sont restés ici très longtemps. Merci à tout le monde pour cette opportunité.»
La réalisation de la ville-bulle est le résultat des milliers d’heures de travail du personnel de Curling Canada, de Santé Alberta, des techniciens de glace, des bénévoles, des télédiffuseurs, et des centaines d’athlètes. Le travail conjugué de tous ces acteurs a assuré le succès de la ville-bulle de Calgary.
On ne verra probablement pas une autre bulle. Il n’y aura plus de marche victorieuse dans le plus grand silence des champions nouvellement couronnés, ni de spectateurs en carton restés muets après un excellent lancer.
Bientôt, les amateurs de curling vont retourner dans leurs sièges, heureux d’encourager leurs équipes préférées; après avoir apprécié l’étrange beauté du curling sous une nouvelle perspective, on se réjouit d’avance en sachant que la ferveur reviendra dans les gradins.